Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Pour faire échec à ce plan machiavélique, l' U.R.S.S. signe le 23 août un pacte de non-agression avec l'Allemagne. Ce pacte lui assurera quelques mois de répit qu'elle mettra à profit pour consolider sa défense. Hitler, continuant la poursuite de ses buts impérialistes, attaque la Pologne. Chamberlain et Daladier se voient contraints de déclarer à l'Allemagne une guerre qu'ils n'ont pas envie de lui faire. Mais l'occasion semble bonne aux partis bourgeois français, des fascistes aux socialistes, pour chercher à écraser le parti communiste. Le pacte germano-soviétique est présenté comme une trahison à la cause de la liberté par le gouvernement et la presse bourgeoise de droite et de gauche, tandis que les journaux communistes sont interdits. La déclaration de Maurice Thorez, le 25 août, au groupe parlementaire, appelant à la résistance si Hitler persévérait dans ses desseins d'agression, est systématiquement étouffée. Par tous les moyens la classe au pouvoir veut semer le désarroi dans le camp des progressistes pour pouvoir plus sûrement frapper les communistes. Au début d'octobre, la police s'en prend au Comité mondial contre le fascisme et la guerre dont les buts s'identifient pourtant avec ceux que prétend poursuivre le gouvernement français. Dans une protestation très digne et très ferme adressée au président Daladier, Paul Langevin souligne cette contradiction et pose au président du Conseil quelques questions embarrassantes auxquelles il répondra seulement en renforçant la répression contre les communistes et tous ceux qui avaient pu s'associer à leur action. Peu de temps après ces perquisitions, les députés communistes sont poursuivis pour avoir envoyé, le premier octobre, au président Édouard Herriot, une lettre demandant la convocation des Chambres et la discussion publique des problèmes relatifs à la conduite de la guerre. On les arrête, on les déchoit illégalement de leurs mandats, on les met au droit commun et enfin on les défère au tribunal militaire. Langevin, depuis longtemps, a percé à jour toute l'hypocrisie du jeu gouvernemental. Il sait quels bas calculs de classe peuvent se cacher derrière un jacobinisme de façade. Il sait aussi que les communistes n'ont pas trahi, que ce sont eux, au contraire, qui,