Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/315

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comme toujours, sont à l'avant-garde de la défense des véritables intérêts de la France. Le 29 mars 1940, il vient à la barre témoigner en faveur des 44 députés inculpés. Dans la grande tourmente de la guerre, le texte complet de cette courageuse déposition a malheureusement été perdu. Nous devons donc nous contenter de reproduire le passage suivant du "Chemin de l'Honneur", de Florimond Bonté, qui résume l'intervention de Langevin et qui traduit bien la profonde impression qu'elle produisit alors sur tous ceux qui l'entendirent:


L'éclatant témoignage de Paul Langevin[1]


Paul Langevin, professeur au Collège de France, membre de l'Académie des Sciences et de la Société Royale de Londres, grand-officier de la Légion d'honneur, commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique. Ce grand maître de la science française, dont les travaux font honneur à la France, et à son génie, se trouvait à la barre. Et c'était ce savant qui descendait des sommités scientifiques, quittait son laboratoire de recherches pour venir exprimer publiquement en quelle estime il tenait les militants communistes français, chez qui il proclamait reconnaître les plus hautes valeurs morales. Il expliquait au tribunal combien il avait été frappé de retrouver parmi les communistes, porté à leur degré le plus élevé, le souci du bien public et du développement du bien public et la volonté inébranlable d'améliorer constamment la situation matérielle et morale des travailleurs, de ceux qui, par leur travail, font la force et la grandeur du pays. Il partageait, disait-il, leur idéal de justice sociale et leur volonté d'en obtenir la réalisation par un effort humain de transformation matérielle et morale du monde. Pour y parvenir, lui aussi, mettait sa confiance dans la possibilité d'un élargisse-ment, d'une élévation sans limite de la science et de la conscience des hommes : science de la nature dont les applications, si elles étaient vraiment mises au service de tous, permettraient, dès maintenant, leur libération,

  1. Florimond Bonté, Le Chemin de l'Honneur, Editions Hier et Aujourd'hui, 1949, pp. 311, 312 et 313.