Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/317

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Paul Langevin a parlé. Le commandant de la garde le reconduit jusqu'à la sortie de la salle d'audience. Paul Langevin passe devant nous. Il nous salue d'une inclinaison de la tête et du geste de la main. Noue le suivons des yeux. Qu'importe la condamnation! Qu'importe la prison! puisque nous avons eu la joie, le bonheur, de recevoir pour notre Parti, le seul à avoir suivi et à suivre une ligne française et à avoir défendu, et à défendre la cause de la France et de l'humanité, les marques de la plus chaleureuse sympathie d'un Français parmi les plus grands, dont les mérites et le génie rejaillissent en rayons de lumière sur notre patrie.


L'arrestation

La mise en liberté surveillée

La fuite en Suisse


Bientôt c'est la défaite et aussitôt commencent les persécutions. Langevin qui avait d'abord accompagné a Toulouse les laboratoires parisiens repliés est revenu dans la capitale et il est, le 30 octobre 1940, le premier des grands intellectuels français qui soit arrêté par les Allemands. Ce savant progressiste, pourtant déjà âgé, de 68 ans, représentait en effet, pour les nazis, le symbole même de cette France révolutionnaire et patriote qu'ils sentaient survivre en dépit des désastres militaires et de la trahison des hommes de Vichy. Après s'être d'abord dirigée vers Fresnes, puis être allée jusqu'à Longjumeau, pour mieux cacher le lieu de l'incarcération du grand savant, l'automobile de la Gestapo le ramena finalement à Paris, à la prison de la Santé, où il devait rester au secret dans une cellule infecte, pendant 38 jours, réussissant quand même à y poursuivre ses travaux théoriques[1].

Le 25 novembre 1940, Langevin subit un interrogatoire

  1. Le papier et l'encre lui ayant été refusés, il écrivait sur du papier hygiénique au moyen d'une allumette qu'il enduisait de "formocarbine", produit pharmaceutique en poudre noire, qu'il avait obtenu du médecin de la prison.