Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/320

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et surtout par le développement de la collaboration entre les peuples. Je n'ai jamais à aucun moment, dit ou écrit un mot dans le sens d'une provocation à la guerre;

3° absolument au grand jour, sur la base de l'exposition et de la discussion publiques des idées et des faits. Je n'ai jamais participé à aucune action occulte d'aucune sorte;

4° absolument désintéressée : j'y ai consacré à peu près tout ce que je possédais et n'ai aucune fortune ni d'autres ressources que mon traitement ou ma pension de retraite éventuelle.

Signé : P. Langevin.


Cependant la nouvelle de l'incarcération de Langevin a soulevé dans le monde entier une vague de protestations. A l'étranger, la Suisse, l' U.R.S.S., les U.S.A. (ces deux derniers États n'étaient pas encore entrés dans la guerre) le réclamaient à l'Allemagne et lui offraient l'hospitalité. A Paris même, malgré l'occupation nazie, les étudiants communistes organisèrent une manifestation au Quartier Latin, le 8 novembre, jour où le grand physicien aurait dû commencer son cours au Collège de France[1]. De nombreux savants, avec en tête, Joliot-Curie, multiplièrent, d'autre part, les interventions en sa faveur. Sans accepter qu'il puisse partir pour l'étranger, les Allemands jugèrent cependant plus opportun de reculer un peu devant l'indignation générale.

Ils envoyèrent Paul Langevin — que Vichy avait entre temps destitué de toutes ses fonctions universitaires — en résidence

  1. Cf. l'article de François Lescure dans Les Lettres françaises du 18 novembre 1948, p. 1. Cette manifestation du 8 novembre peut être considérée comme le prélude de celle du 11 à l'Arc de Triomphe, où dix étudiants furent tués par les Allemands et une centaine arrêtés, pour être ensuite déportés.