Page:Langevin - La physique depuis vingt ans, 1923.djvu/258

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obscure. Le fait qu’un ensemble tend spontanément vers la configuration la plus probable compatible avec les conditions qui lui sont imposées généralise et éclaire profondément le théorème de Clausius d’après lequel l’entropie tend vers un maximum à énergie interne donnée. La conséquence la plus importante peut-être de ce résultat est que la configuration d’équilibre prévue par la Thermodynamique, la configuration d’entropie maximum, nous apparaît maintenant comme la plus probable, mais non la seule possible pour l’ensemble. Celui-ci prend au cours du temps toutes les configurations possibles dans la proportion de leurs probabilités. La plus probable est seulement la plus fréquente et prédomine d’autant plus que l’ensemble est plus complexe, que le nombre N des systèmes qui le composent est plus grand. Mais des fluctuations doivent se produire autour de cette configuration la plus probable ; nous verrons tout à l’heure comment la relation (26) généralisée permet d’en prévoir l’importance dans tous les cas et comment l’observation directe de ces fluctuations est venue confirmer de la manière la plus complète ces conséquences du point de vue statistique et apporter des moyens nouveaux, en nombre illimité, pour atteindre les grandeurs moléculaires par l’intermédiaire de ces fluctuations. Le principe de Carnot perd ainsi sa signification absolue : les configurations d’équilibre qu’il permet de prévoir et qu’il présente comme rigides ne correspondent en réalité qu’à un aspect moyen autour duquel la matière est en frémissement continuel