Page:Langevin - La physique depuis vingt ans, 1923.djvu/362

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4. L’inertie, propriété fondamentale, et le mécanisme. — Depuis Newton on admet, et c’est ainsi que débutent tous les traités de Physique, que l’inertie est une propriété fondamentale de la matière dont l’existence ne saurait se ramener à des phénomènes plus simples, et doit au contraire être acceptée comme principe d’explication. On a même considéré pendant plus de deux siècles, et c’est là l’essentiel de la doctrine mécaniste, qu’un phénomène physique ne peut être expliqué complètement qu’après avoir été ramené à des mouvements régis par les lois de la mécanique rationnelle, et en particulier par la loi d’inertie.

Malgré la perfection de sa forme et les services séculaires qu’il a rendus, nous ne pouvons plus aujourd’hui conserver l’édifice de la dynamique newtonienne où l’inertie, mesurée par une masse invariable, intervient comme support principal.

L’inertie n’est plus une propriété fondamentale, puisqu’il est possible d’en rendre compte, pour une partie au moins, à partir des lois de l’électromagnétisme, probablement plus primitives et plus simples. La masse n’est plus invariable, puisque ses diverses définitions cessent de coïncider quand la vitesse de la matière cesse d’être petite par rapport à celle de la lumière et qu’elles conduisent toutes trois, pour une même portion de matière, à des valeurs variables en fonction de la vitesse, suivant trois lois différentes.

Il y a plus encore : au voisinage du repos, pour des vitesses faibles, les trois définitions coïncident et conduisent pour une portion donnée de matière à une certaine masse initiale m0 ; mais cette