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7. La matière des philosophes. — Mais, avant de discuter les résultats de cette comparaison, je tiens à signaler une difficulté logique soulevée par la marche que nous avons suivie. Nous avons convenu de considérer comme fondamentales les notions de masse et de force édifiées par la Mécanique pour représenter les lois du mouvement de la matière ; nous concevons a priori la masse comme une quantité scalaire parfaitement invariable.

Puis, supposant la possibilité d’une représentation matérielle de l’éther, nous appliquons à celui-ci les équations de la dynamique matérielle et nous nous trouvons conduits à admettre pour les électrons, partie de la matière, et par suite pour la matière elle-même, une masse dissymétrique, tensorielle et variable. À quoi devront alors s’appliquer les équations ordinaires de la Dynamique et les notions, considérées comme fondamentales, qu’elles impliquent ? À une matière abstraite, une matière des philosophes, qui ne serait pas la matière ordinaire, puisque celle-ci est inséparable des charges électriques et qu’elle est constituée vrai-semblablement par une agglomération d’électrons en mouvement périodique stable sous leurs actions mutuelles ? Ou à l’éther ? mais nous n’avons pour lui aucune notion de ce qui peut y être masse ou mouvement.

C’est bien plutôt l’éther qu’il faut considérer comme fondamental, et il est alors naturel de le définir initialement par les propriétés que nous lui connaissons, c’est à dire par les champs électrique