Page:Langevin - La physique depuis vingt ans, 1923.djvu/462

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gaz conducteurs : une comparaison empruntée à la bactériologie en fera comprendre toute l’importance. Si le microscope n’avait pas existé pour permettre de distinguer individuellement les bacilles, ceux-ci seraient restés, comme les atomes, à l’état d’hypothèses malgré la netteté des expériences de Pasteur et de ses disciples. Mais une éclatante démonstration de l’hypothèse de la discontinuité des germes bactériens aurait été fournie par la découverte, sans le secours du microscope, des colonies bactériennes. Le nombre fini des taches se développant sur un milieu convenable aurait été un puissant argument en faveur du nombre fini des germes ; le nombre des colonies visibles à l’œil nu permettant de compter le nombre des bacilles.

Or nous savons maintenant former des colonies atomiques et, par leur secours, nous savons compter les atomes, nous établir solidement sur le terrain jusqu’ici mouvant des grandeurs moléculaires, grâce aux phénomènes de condensation des vapeurs sursaturantes dans les gaz conducteurs de l’électricité. Dans les conditions où une vapeur rendue sursaturante par refroidissement brusque ne forme aucun brouillard dans un gaz privé de poussières, faute de germes pour la formation des gouttes, un nuage abondant se produit si le gaz est rendu conducteur par un procédé quelconque, rayons de Röntgen ou rayons du radium, par exemple. L’expérience permet de vérifier par leur électrisation que les gouttes se forment, conformément aux prévisions de la thermodynamique, sur les centres chargés en nombre