Page:Langlois - Anecdotes pathétiques et plaisantes, 1915.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
anecdotes françaises

mes hommes le tire et le tue. Légalement ce chevreuil nous appartenait, mais les Boches ne l’entendaient pas de cette oreille. Ils ne nous laissaient pas sortir la tête de nos tranchées.

Je me dis : « Nous ne l’aurons pas, mais eux non plus », et je défendis à mes hommes de se montrer. Nous fîmes les morts. Un moment après, un Boche sort de sa tranchée, rampe à plat ventre, puis cinq, six et sept Boches le suivent, toujours à quatre pattes. Les loustics s’approchent du chevreuil, mais au moment où l’un d’eux empoigne l’animal par la patte, je commande : « Feu ! » Une volée de coups de fusil part de ma tranchée. Trois Boches restent sur le carreau avec le chevreuil et les autres se sauvent en hurlant.

Ils avaient du plomb dans les… cuisses !

Alors, un brave de mes poilus sort de notre tranchée, bondit sur le chevreuil et le traîne jusqu’à nous.

Ce matin, nous avons jeté les pattes aux Boches et, demain, nous leur jetterons les os.


Le petit bleu.

Voici une piquante anecdote dont deux Parisiens de Montmartre ont été les héros. L’un d’eux la raconte ainsi :


À un moment — à l’attaque du bois de Mortmare — ça chauffait. Mon copain R… me dit : « Si on lampait un coup ? »

Il me passe le bidon. Je lève le coude. Paf ! une balle vient en crever le fond. Instinctivement, je baisse le bras pour éviter les pruneaux qui sifflaient au-dessus de la tranchée.

— Bouche le trou, me crie R…, tu vois donc pas que le petit bleu se débine ?

Ah ! on n’a pas le temps de s’ennuyer !