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anecdotes pathétiques et plaisantes

En termes énergiques — et qu’ils comprennent, encore que notre langue leur soit inconnue — il les somme de se rendre. Ainsi font-ils. Deux par deux, sur le sentier, il les ramène vers nos lignes. Capture facile, d’autant qu’après avoir apostrophé les Allemands, notre homme a tout de suite crié vers les copains sous bois et a entendu leur toute proche réponse. Les Bavarois, certains d’être entourés, filent doux. Tout le long de la route, le dialogue continue entre le Français et ses camarades, dont pas un cependant ne se montre. À en juger par les voix, ils doivent être au moins dix :

— Voilà ce que j’apporte, mon lieutenant, s’exclame bientôt le bon chasseur, en poussant son troupeau dans la tranchée.

À toi tout seul ?

— Oui. Mais, ajoute l’homme en parlant lointainement comme du fond du bois, ça ne m’a pas été malaisé, voyez-vous… je suis ventriloque.


Un poilu qui avait le sommeil dur.

Dans une grange où cantonne une compagnie, un homme déclare à l’heure du lever qu’il a une crampe dans la cuisse et ne peut se tenir debout. Les gradés se fâchent. Rien n’y fait. On finit par appeler un infirmier qui le déculotte. Une balle perdue, entrée sans doute par le toit, avait atteint le pauvre diable pendant la nuit. Elle ne l’avait pas réveillé.

N’est-ce pas plus fort que le sommeil de plomb dont dormit Condé à la veille de Rocroi ?


Chasse au chevreuil.

Un officier écrit à sa famille :


Après l’attaque, voilà qu’un superbe chevreuil vient à passer entre nos tranchées et celles des Boches. Un de