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CHAPITRE III

ANECDOTES ANGLAISES


Intermède de guerre au coin d’un bois.


Les épisodes douloureux se succèdent tellement nombreux au cours de cette guerre, qu’il convient d’être reconnaissant à ceux qui, mus par un sentiment plus particulier de la fantaisie et de l’humour, tendent d’en rompre le poignant cortège.

Tel ce soldat anglais, dont l’aventure nous est contée à peu près en ces termes par le « témoin » oculaire attaché à l’état-major du maréchal French :

« Errant dans un bois, séparé du détachement dont il faisait partie, le soldat X… aperçut sur la route un factionnaire ennemi. Il lui eût, certes, été facile d’épauler sa carabine — c’était un cavalier — et d’abattre le Boche. Mais le brave troupier de S. M. le roi George ne se sentait pas à ce moment d’humeur à fusiller l’homme. Il était trop de sang-froid ou plutôt en veine d’humour. Se précipitant à pas glissants à la suite du Teuton, il lui allongea prestement par derrière le plus magistral coup de pied que jamais fusilier de la Garde de Potsdam ait récolté. Le factionnaire, si entraîné qu’il fût au régime du dressage à la prussienne, ne consentit pas à perdre son temps à s’enquérir de la qualité de son… interlocuteur. Il joua vivement de ses grosses jambes et… disparut en un clin d’œil du côté de sa tranchée. »