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Page:Langlois - Anecdotes pathétiques et plaisantes, 1915.djvu/51

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anecdotes anglaises


Une poignée de schellings.

Il y a deux mois, un officier anglais, dans le Nord, parti seul en mission, se perd au milieu des champs et, sans se douter du péril, marche droit vers les lignes ennemies. Il est remis dans son chemin par un pauvre mendiant qui n’a pas su fuir assez vite la guerre et qui s’en va devant lui, avec un violon. L’officier, reconnaissant, donne au chemineau une poignée de schellings.

La semaine dernière, dans une ville de la Côte d’Azur, l’officier, blessé et en traitement, fait sa première promenade. Au bord de la mer, il aperçoit son mendiant, qui a traversé toute la France en jouant ses petits airs pitoyables. Le vieux le reconnaît aussi et, tirant de sa poche les schellings d’autrefois :

— Ah ! mon officier, s’écrie-t-il, que je suis heureux de vous retrouver ! Avec cet argent-là, vous m’avez sauvé la vie. Partout, dans les villages, au cabaret, quand j’avais bu, je tendais une pièce anglaise. Et comme ça n’a pas cours, on me la rendait en me faisant cadeau du coût de vin. Vous êtes vraiment un bien brave homme !…


La mascotte.

Quand les marins anglais eurent coulé le Dresden, ils virent flotter, parmi les épaves, un énorme cochon qui, s’étant échappé du croiseur allemand, nageait éperdument vers leur bord et rejoignait bientôt le bâtiment britannique, sur lequel on le hissa, tandis que l’équipage l’acclamait de retentissants « hurrahs ».

Après quoi, en qualité de bon nageur, on lui décerna la « Croix de fer », découpée pour la circonstance dans un morceau de carton. Et, depuis ce temps, l’heureux cochon boche se prélasse, à titre de « mascotte », à bord du bâtiment de la marine royale.