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anecdotes pathétiques et plaisantes


Humour britannique.

Dernièrement, dans une ville de l’Ouest où se trouve un important dépôt de l’armée britannique, on donna au théâtre une soirée pour fêter le départ d’un contingent vers le front.

Presque tous les numéros furent fournis par la troupe, et ces chanteurs amateurs obtinrent un vif succès, non seulement parmi leurs camarades, mais encore auprès de tous les assistants.

Tout à coup, il se produisit un brouhaha, suivi d’un vif moment d’attention : un homme, vêtu de l’uniforme kaki, venait de paraître sur la scène, mais cet homme avait une autre allure que les précédents. Ce n’était ni plus ni moins qu’un des colonels des régiments stationnés dans la ville.

Allait-il faire un discours ? Pas du tout. L’orchestre joua une ritournelle, et le colonel, le plus naturellement du monde, chanta une chansonnette anglaise en vogue. Quand il eut fini, on applaudit, on clama :

Hip ! hip ! hurrah ! bis !

Alors le colonel s’avança vers la rampe et dit, en français :

— Je ai chanté la chanson que je connaissais ; si je savais une autre, je chanterais aussi ; mais je sais pas, et alors je vous prie seulement de crier avec moi : « Vive la France ! Vive l’Angleterre ! »

Et tout le public cria, tandis que les soldats anglais s’étaient levés pour applaudir frénétiquement ce chef, qui savait qu’il ne risquait pas de compromettre son autorité en chantant pour ses frères d’armes.