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anecdotes pathétiques et plaisantes

l’endroit le plus restreint de la tranchée et est mal à l’aise pour tirer. « Le Français n’est pas bien, dit l’un d’eux, il faut aller lui élargir sa place. » Et, sachant fort bien qu’ils vont servir de cible à l’ennemi, tous deux prennent leur bêche, sortent de la tranchée et vont jusqu’au Français. Pendant prés d’une minute, sans prendre garde aux balles qui sifflent autour d’eux, ils élargissent le fossé le plus tranquillement du monde ; puis, avec le même calme, ils vont reprendre leur place et leur fusil.


L’héroïsme d’un highlander.

Un soldat du génie anglais, revenant à Lagny, raconte le trait d’héroïsme suivant accompli par un highlander.

Cent cinquante soldats de cette arme étaient chargés de tenir un pont. Soudain, les Allemands, dissimulés derrière un bois, ouvrirent le feu, et une force ennemie beaucoup plus considérable que celle des highlanders se précipita vers le pont.

Malgré une défense énergique, les soldats écossais succombèrent sous le nombre.

Tous furent tués, à l’exception d’un seul, qui, chargeant sur ses épaules le seul canon Maxim dont la petite force disposait, le transporta à l’extrémité du pont et, bravement, fit face à l’attaque allemande. Tranquillement assis derrière sa pièce, il tira, tira… jusqu’à ce qu’à son tour il tombât mort.

Mais son magnifique dévouement n’avait pas été inutile ; les Allemands avaient été retardés suffisamment pour que des renforts vinssent donner avec succès la chasse à l’ennemi.

Le corps de l’héroïque highlander, relevé par des soldats, ne portait pas moins de trente blessures.