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anecdotes pathétiques et plaisantes
Un Allemand mange tant qu’il en meurt.

Un prisonnier allemand, détenu à Saint-Martin-de-Ré, qui venait de recevoir de Germanie une petite caisse de charcuterie et autres victuailles, se cacha dans un coin du pénitencier. Il se mit à dévorer goulûment et tout seul sa charcuterie, sans en offrir à ses camarades, car on sait que les Boches ne sont guère partageux.

Il mangea tout ; il mangea tant qu’il en fut étouffé. Quelques heures après, on le trouva mort à côté de la boîte vide.


Le déjeuner interrompu.

Dans une ville de Flandre française, proche la frontière, fortement occupée par l’ennemi, les officiers badois ont, le matin, fait préparer pour leur petit déjeuner un plat plantureux de charcuterie sans gelée. Au moment de se mettre à leur « pantagruélation » devant ce plat appétissant, ils entendent presque sous leurs fenêtres une soudaine fusillade, et une clameur de leurs troupes retentir : Die Franzosen ! Fort ! Fort !… Ils se lèvent précipitamment et, avec un ensemble remarquable, f… le camp ! C’étaient nos braves troupiers qui, ayant habilement manœuvré toute la nuit, avaient réussi, sans bruit, à se débarrasser des sentinelles ennemies et surprenaient les Badois, gagnant ainsi une position stratégique importante.

Nos troupes arrivent à la brasserie et voient le beau plat de charcuterie intact sur la table. Que faire ? Des Allemands se seraient jetés dessus. Mais les Français savent avoir le beau geste. Le plat fut soigneusement et proprement enveloppé et envoyé à leur supérieur, le général de division X…, qui avait préparé et commandé ce mouvement de nuit si bien exécuté. Le plat arriva opportunément à la table du général — où siège quoti-