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anecdotes sur les « boches »

diennement un capitaine de réserve dijonnais au nom très connu, de qui nous tenons le récit — et fut salué avec une franche gaieté.

Le coquillage.

S’ils ironisent eux-mêmes la situation difficile où ils se trouvent et les échecs qu’ils subissent, tout va bien.

Un prisonnier allemand, dirigé vers un département du Centre, racontait naguère à un de nos correspondants la plaisante histoire que voici :

— Vous voyez ce gros coquillage ? dit-il en montrant une conque à cinq circonvolutions. Je l’ai reçu de ma famille, tandis que j’étais sur le front et que nous essayions de gagner Calais et la mer. Ma femme avait joint à l’envoi un petit billet, où elle disait : « Frantz, mon ami, je t’envoie ceci qui pourra te servir à tromper ton attente. Puisque vous n’êtes pas capables, à vous tous, d’aller jusqu’à la Manche, tu peux toujours t’appliquer ce coquillage contre l’oreille ; il te donnera l’illusion du bruit de la mer. » Je n’ai pas vu Calais, je suis prisonnier, conclut l’Allemand en riant, mais le coquillage m’a été laissé et j’en remercie la France bienveillante. Plusieurs fois par jour, ce Boche humoriste, pour passer le temps…, écoute la mer.


Comment un Allemand mort
amena une quarantaine de Boches à se rendre.

Peu à peu, grâce à une patiente progression, nos tranchées s’étaient rapprochées de celles des Boches. Quarante mètres à peine séparaient maintenant notre position de première ligne de la leur. Terrés ainsi vis-à-vis les uns des autres, on se guettait et on échangeait quelques coups de fusil, dans l’attente de l’action qui devait fatalement se produire au premier moment favorable. Cette situation durait depuis plusieurs jours déjà.