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anecdotes sur les « boches »

Dix minutes plus tard, en même temps que l’Armee-Ober-Kommando, dont il mérite d’être considéré comme le plus bel ornement, M. l’intendant général de l’armée de S. E. le général von Kluck quittait Compiègne en automobile.


Autre récit. Il s’agissait de soustraire à l’appétit teuton l’ânesse qui constituait à elle seule toute la cavalerie « des services d’architecture du palais » :

La voici déjà dans la cour du palais. Le planton l’a laissée passer sans méfiance.

Elle a bien consenti à franchir avec ses pattes de devant les trois premières marches du premier escalier, mais ses pattes de derrière ne veulent, comme on dit, rien savoir ; pendant qu’elle progressait de l’avant-train, elle se repliait de l’arrière. On la fait redescendre.

— Parbleu ! s’écrie quelqu’un, il fallait lui boucher les yeux !

Bonne idée. On lui jette une serviette sur les oreilles, mais l’intelligent quadrupède a des yeux dans les sabots.

— Attends un peu, dit un autre, on va lui installer un plan incliné avec des planches.

Aussitôt fait que dit ; mais le bruit qu’elle mène en marchant dessus l’épouvante ; et puis le plan incliné ne tient pas en place. Elle est toute frémissante d’émotion ; force est de trouver autre chose.

— À reculons, pardi ! propose un troisième ; faisons-la monter à reculons !

Elle se bute alors définitivement, les oreilles rapprochées, les yeux têtus. On la supplie, on la caresse, on la menace : peines perdues.

Mais huit gaillards à casquette plate se sont précipités comme un seul homme autour du pauvre animal, quatre par le flanc droit, quatre par le flanc gauche, et avec un ensemble parfait, une méthode parfaite, les uns lui empoignant les pattes, les autres la prenant sous le ventre, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, nous l’ont, d’un coup, enlevée et portée au sommet des