Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/109

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Bhîchma dit à Youdhichthira :

Grand roi, je vais te dire sur la famille de ce prince ce que m’a raconté le saint pénitent Mârcandéya : prête l'oreille à mon récit.

Youdhichthira l’interrompit :

De qui était fils Anouha ? dans quel temps vivait-il ? quel fut le glorieux père de ce fils vertueux ? quelle fut la puissance du roi Brahmadatta ? Et comment devint-il roi, lui qui était un des sept Brahmanes dont tu m’as parlé ? Sans doute le divin Souca, si honoré dans le monde, si animé de l’amour du bien, n’a pu donner l’illustre Critwî qu’à un prince redoutable par les forces de son empire. Voilà des détails que je désire apprendre de toi, noble héros ; raconte-moi, je te prie, l’histoire de Brahmadatta ; répète-moi ce que Mârcandéya t’a dit sur les transmigrations de ces Brahmanes.

Bhîchma dit :

On m’a dit que ce Brahmadatta, saint Richi parmi les rois[1], était contemporain de mon pieux aïeul Pratîpa : ce fut un grand prince, adonné aux exercices de la dévotion, connaissant la langue de tous les êtres, pour lesquels il éprouvait une tendre sympathie. 11 eut pour précepteur spirituel et pour ami le fameux Gâlava, qui, par la force de sa pénitence[2], composa l'art de prononcer les mots[3], et mit plus d’ordre et de clarté dans les préceptes de la loi divine. Son ministre fut Candarîcha, qui ne connut d’autre amour que celui du devoir. Or, dans leurs sept naissances[4] successives, ces sept Brah-

  1. C'est-à-dire, Râdjarchi.
  2. Remarquez l’étendue de la signification de ce moi pénitence, qui désigne à la fois l’ardente application à une chose, et les travaux zélés et méritoires par lesquels on mortifie le corps et l'on rend l’esprit plus actif.
  3. Sikchâ est le nom de cet art, et en même temps celui d’un des six Védângas. Ce Védânga enseigne la prononciation des mots employés dans les Vèdes : il est attribué à Pânini, petit-fils de Dévala, sous le nom duquel on a publié des soûtras ou aphorismes de grammaire, où sont cités les prédécesseurs de Pânini, parmi lesquels se trouve Gâlava. Au reste, le mot sikchâ veut aussi dire instruction en général, et c’est dans ce sens que Vyâsa est surnommé Sikchâcara.
  4. Le nombre sept a sans doute ici quelque rapport avec les sept ordres de Pitris.