Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cântchanaprabha[1]. De celui-ci naquit le sage et vaillant Souhotra ; Souhotra et Késinî mirent au monde Djahnou[2]. Ce dernier prince fit un jour un grand et magnifique sacrifice[3] ; Gangâ se présenta à lui pour être son épouse. Il la refusa : celle-ci, pour se venger, submergea le champ du sacrifice. En voyant ce désastre, le fils de Souhotra irrité dit à Gangâ : « Je rendrai ta vengeance vaine en buvant tes eaux. Voilà la récompense de ton orgueil. » Alors les Maharchis, s’apercevant qu’il avait bu les eaux de Gangâ, décidèrent qu’elle serait sa fille, et qu’elle se nommerait Djâhnavî[4].

Djahnou eut pour épouse la vertueuse Câvérî, fille d’Youvanâswa, qui, par suite d’une imprécation de son père, fut changée en une rivière célèbre, formée d’une moitié du Gange[5]. Le fils chéri de Djahnou et de Câvérî fut le pieux Sounaha ; Sounaha donna le jour à Adjaca ; Adjaca, au roi chasseur Balâcâswa, et Balâcâswa, à Cousa.

Cousa eut quatre fils, instruits dans la science sacrée : Cousica, Cousanâbha, Cousâmbha et Moûrttimân. Ce prince augmenta sa puissance de l’alliance des Pahlavas[6], et se plut à parcourir les forêts.

Cousica fit une pénitence austère pour avoir un fils pareil à Indra. Celui-ci, par crainte, devint son fils. Car ce dieu aux mille yeux[7], ayant remarqué les sévères austérités que ce prince subissait déjà depuis mille ans, consentit

  1. On le nomme aussi simplement Cântchana.
  2. Le lecteur retrouvera ce prince dans la xxxiie lecture, où son histoire est répétée, avec les mêmes détails sur sa race ; mais il éprouvera une difficulté pour constater la généalogie de Djahnou, qui est ici fils de Souhotra, et qui, dans cette xxxiie lecture, est fils d’Adjamidha. Il faut supposer qu’ici, par une méthode assez ordinaire, on a omis quelques princes intermédiaires, le mot fils signifiant alors descendant. De même, dans la xxe lecture, le père d’Adjamîdha est Hastin, qui est omis dans la xxxiie. Ce qu’il y a de singulier pour Djahnou, c’est qu’en lui donnant ainsi deux pères différents, on lui donne la même mère.
  3. Ce vers renferme une répétition que je n’ai pu rendre en français, महासत्रं सवर्वमेधं महास्खं.
  4. Le roi Djahnou fit sans doute des tranchées, des canaux pour prévenir les inondations du Gange : un de ces canaux fut appelé de son nom Djâhnavî. De là cette fable que Djahnou était devenu père du Gange : fiction que nous avons vue déjà employée plusieurs fois.
  5. La Câvérî est une des sept rivières regardées comme sacrées : on l’appelle Arddha Gangâ, ou moitié du Gange. On annonce par ce mot qu’elle possède la moitié des vertus de ce fleuve. La Câvérî est une rivière du Décan, qui porte encore le même nom.
  6. Au lieu de Pahlava, le manuscrit de M. Tod porte le mot vallava, qui veut dire pasteur. Il faudrait alors comprendre que Cousa étendit sa domination sur des peuples pasteurs qui erraient dans les bois, वलुवौ: वनचरै.
  7. L’aventure du dieu Indra condamné par une malédiction du sage Gôtama à porter cent