Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/147

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la part que je dois avoir aux sacrifices, et la place que je puis occuper dans ce monde. » Vichnou lui répondit en ces termes : « Depuis longtemps les Souras ont pris dans les sacrifices la part qui leur est réservée. Les Maharchis ont déterminé les cérémonies et les holocaustes par lesquels on peut honorer les dieux. Il n’est point possible d’y faire pour toi aucune addition. Tu es venu après les autres dieux, dont tu es l’enfant et non le maître. Mais tu naîtras une seconde fois dans le monde, et tu obtiendras de la célébrité. Tu posséderas dans cette naissance la faculté de te rendre invisible[1], et les autres privilèges des êtres surnaturels. Dans ton corps mortel tu obtiendras la condition des dieux, et les Brahmanes t’honoreront par des offrandes, des invocations et des prières. Ensuite tu donneras huit divisions à l’Âyour-Véda[2]. Tel est le sort qui t’est destiné par celui qui est né du sein du lotus[3]. Tu apparaîtras dans la seconde partie du Dwâpara[4] : tu peux compter sur ma parole. » Vichnou, après avoir rendu cet oracle, disparut.

La deuxième partie du Dwâpara était arrivée : le roi de Câsi, Dîrghatapas, petit-fils de Sounahotra, voulant avoir un fils, se livra aux exercices de la pénitence. Il adressait ses vœux à Dhanwantari, à ce même dieu qui porte le nom d’Abja : il le priait et lui demandait un fils. Satisfait de son hommage, Dhanwantari lui dit : « Pieux pénitent, parle, que désires-tu ? je te l’accorderai. » « Ô dieu, répondit le roi, s’il est vrai que j’aie pu vous plaire, devenez mon fils, et rendez votre nom célèbre. » « Ainsi soit fait, » répliqua le dieu, et il disparut.

C’est ainsi que le dieu Dhanwantari naquit dans la maison de Dîrghatapas, et devint roi de Câsi, aussi habile à gouverner les hommes qu’à les guérir de toutes les maladies. Il reçut de Bharadwâdja l’Âyour-Véda, ouvrage qui contient les préceptes de la médecine. Il le divisa en huit parties, et le donna à ses disciples.

  1. Cette faculté s’appelle अणीमन् : c’est la propriété de se réduire a un atome imperceptible. Il y a huit facultés de ce genre, regardées comme surnaturelle, et que les humains peuvent obtenir par la voie de la pénitence. On en peut voir le détail dans le dictionnaire de M.  Wilson, au mot विभूति.
  2. L’Âyour-Véda est celui des quatre Oupavédas qui est consacré à la médecine. Ce livre, dit-on, est perdu. L’Agni-pourâna en contient un abrégé.
  3. C'est brahmâ, né du lotus qui est sorti de l'ombilic de Vichnou.
  4. Voy. plus haut la note 13 de la xviiie lecture.