Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/148

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Dhanwantari fut père de Kétoumân ; Kétoumân, du vaillant Bhîmaratha ; Bhîmaratha, du grand Divodâsa, qui fut animé de l’amour des lois, et fut roi de Bârânasî[1].

Or dans ce temps[2], cette ville de Bârânasî, devenue déserte, fut occupée par un Râkchasa, nommé Kchémaca. Elle avait été maudite par le sage et magnanime Nicoumbha, qui l’avait condamnée à rester déserte pendant mille ans. Tandis qu’elle subissait les effets de cette imprécation, le roi Divadâsa habita, à quelque distance, une ville charmante sur les bords de la Gomatî[3]. La ville de Bârânasî avait auparavant appartenu à Bhadrasrénya, qui avait cent fils, tous excellents archers. Divodâsa leur avait donné la mort, s’était emparé de Bârânasî, et le royaume de Bhadrasrénya était devenu la proie du plus fort.

Djanamédjaya dit :

Pour quelle raison Nicoumbha[4] avait-il maudit Bârânasî ? Comment un

  1. C’est Bénarès, mot formé de Bârânasî par transposition de lettres. Fr. Hamilton fait venir le nom de Bénarès de Banar-Râdja, prince moderne. M. Wilson donne deux étymologies du mot Bârânasî ou Vârânasî, qu'on écrit aussi Varanasî. Il dit que Varanâ est un petit ruisseau, aujourd’hui le Berna, qui passe au nord de Bénarès et va se jeter dans le Gange ; et Asî, un autre ruisseau qui coule au midi : de là le nom de Varanasî. Mais dans ce cas, ce serait Varanâsî. Ailleurs il dérive ce mot de vara, qui signifie très-bon, et d’anas, qui veut dire eau, parce que la ville est située sur les bords du Gange, fleuve sacré par excellence.
  2. Voy. la lecture xxxiie, où ce passage est répété. Il est singulier que Bârânasî, qui avait disparu, soit cependant occupée par les Râkchasas. Mais comme les Râkchasas représentent des peuples sauvages et pillards, on doit supposer que ce pays livré à Siva, c’est-à-dire à la destruction, par suite d’une guerre qui semble avoir eu la religion pour objet, devint le séjour de bandes errantes et barbares, qui ne furent chassées que plus tard. Au reste, l’histoire de Divodâsa est assez importante à étudier : elle est racontée diversement suivant les opinions religieuses des écrivains : dans les livres des Brahmanes, elle sert à expliquer comment le Bouddhisme s’est établi. Les Recherches asiatiques, t. iii, pag. 409, donnent une légende extraite du Sancara-prâdourbhâva. Cette légende est moderne ; celle qui est racontée ici indique également quelque intrigue religieuse, mais elle ne parle point du réformateur Bouddha, que les Brahmanes plus tard ont représenté comme un avatare de Vichnou, destiné à tromper les Détyas pour leur ravir leurs mérites. C’est, je crois, une preuve de l’antiquité de cette partie du Harivansa.
  3. La Gomatî est aujourd’hui le Goumti. Wilford dit que les ruines de la ville habitée par Divodâsa subsistent encore à Chanwoc, à quatorze milles au-dessus du confluent du Goumti et du Gange, et à vingt milles de Bénarès.
  4. Ce Nicoumbha est un génie de la cour du dieu Siva, chef d’une de ces classes de divinités qui composaient sa suite.