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introduction

aurait été semblable à celui que je vais en donner d’après le ms. de la B. N. Les deux textes sont, en effet, de la même famille, comme je l’ai déjà fait remarquer. Voici ce récit : Un roi Sarrasin, nommé Corbault, a mis le siège devant Rome. Il a tellement malmené le pape que celui-ci est obligé d’entrer en composition. Le Sarrasin accorde au pape un armistice,

pendant lequel il se devoit pourveoir d’un champion en crestienté et le livrer et presenter pour combatre le roy Corbault, par condiction telle, que se le champion chrestien qui au paien combatroit le pouoit subjuguer ou convaincre, Corbault lui devoit rendre ses places qu’il avoit sur luy prises et conquestees, et restorer les damaiges lesquieulx lui avroient esté fais. Et se au contraire le chrestien estoit desconfit et convainqu, il convient le pere saint et les chasteaux ou ilz sont retrais delivrer et rendre, par convenance et prommesse sur ce faicte, et par hostaiges bailliees, tant d’une comme d’aultre partie[1].

Le pape envoie des légats de tous côtés ; deux d’entre eux viennent trouver Aimery de Narbonne, qui passe pour le plus grand prince de la chrétienté, car la force de Charlemagne décline déjà. Aimery ne peut absolument pas aller à Rome, obligé qu’il est de défendre sa propre ville contre les Sarrasins, mais son fils Guillaume offre de partir à sa place, et sa proposition est accueillie avec joie par les ambassadeurs. Aussi, malgré les prières de sa mère, qui, pour le détourner de son voyage, lui parle de la belle Orable, Guillaume, après avoir chargé son serviteur Isaac

  1. Ms. B.N. 1497, f° 150 v°.