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l’élément historique

Il reste à expliquer les rôles de Guillaume et d’Arneïs dans le poème.

Le peuple était incapable de comprendre les grandes vues politiques qui avaient poussé Wala à la résistance contre Louis le Débonnaire. Pour la foule, Louis, étant le seul fils légitime de l’empereur, était aussi son unique héritier, et quiconque mettrait des entraves à sa succession au pouvoir commettrait un crime. Or pouvait-on attribuer ce rôle odieux à Wala ? Wala, le cousin germain de Charlemagne, avait été son bras droit ; disgracié par Louis, il s’était retiré dans un monastère, où par ses vertus il édifiait les moines, qui l’élurent abbé. Il ne sortit du cloître qu’après le plaid d’Attigny, lorsque l’empereur eut déclaré à l’Église, en présence du peuple, qu’il se soumettait à une pénitence publique, pour l’avoir fait exiler injustement. Il redevint donc encore une fois l’homme le plus puissant de l’empire. Bientôt en désaccord avec l’empereur, il fut toujours secondé par le haut clergé, parce que dans toutes ses entreprises il avait en vue surtout le bien de l’État et celui de l’Église. Après avoir rempli de très importantes missions, il mourut au cours d’une ambassade, dont il s’était chargé dans le dessein de réconcilier l’empereur avec son fils Lothaire.

Cet homme ne pouvait être pris pour un traître ; le peuple ne pouvait lui prêter le rôle qu’il a donné à Arneïs d’Orléans dans la chanson.

Parmi les chefs de l’aristocratie militaire qui firent tant d’opposition au faible empereur et suivirent le parti de Wala l’histoire nous a conservé le nom d’un