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l’élément historique

Le champion des chrétiens dans la chronique s’appelle Pierre, dans la légende Guillaume ; j’expliquerai plus loin la présence de Guillaume dans le poème.

Mais au lieu de pousser si loin l’explication des détails, il est bien plus naturel d’admettre que la lutte entre Corsolt et Guillaume n’est qu’un épisode joint au fait historique de la délivrance de Guaifier par les Francs.

Il faut attribuer à l’altération fatale de l’histoire par la légende les autres différences existant entre les deux récits et en particulier ce fait que la chanson présente Guaifier comme étant déjà prisonnier des ennemis, tandis qu’en réalité il faillit seulement le devenir[1]. J’ai dit déjà que Guillaume, comte de Toulouse, n’avait pu aller combattre les Sarrasins en Italie, et dans le récit du siège de Salerne l’histoire ne fait mention d’aucun Guillaume. Les deux champions chrétiens, vainqueurs des deux combats singuliers ra-

  1. Dans le récit du siège de Salerne nous voyons la femme de Guaifier prendre une part glorieuse aux travaux de la défense, monter sur les remparts, porter les vivres aux soldats et leur donner l’exemple du courage : « Set dum fames valida praedictam urbem consumeret, conjux Guaiferii principis per semet ipsam per muros civitatis gradiebat, alimentaque deferebat nimirum et confortabat. » (Ibid. cap. cxv ; Pertz, ibid. III, 531.)

    Les trois vers qui suivent sont peut-être un dernier souvenir de cet événement :

    Pris est par force li riches reis Guaifiers,
    Il et sa fille et sa franche moillier,
    Et trente mille de chaitis prisoniers.

    (Vers 350-352.)