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l’élément historique

qui l’avaient précédé en Italie, ont fait l’un et l’autre, et que la gloire de Guillaume a fort bien pu absorber celle de ses compatriotes qui l’ont précédé, accompagné ou suivi dans la Péninsule. Ses exploits ont fait grand bruit[1], et on a pu lui attribuer volontairement, ou involontairement des faits qu’il n’a jamais accomplis.

Mais la troisième et dernière objection est plus grave : « Il faut observer, » dit Jonckbloet, « que ce n’est pas seulement ici qu’on rencontre le récit de la délivrance de Rome de la domination sarrasine par suite d’un combat singulier d’un champion Carlovingien. Les mêmes faits se retrouvent dans une branche de la chanson d’Ogier d’Ardenne de Raimbert de Paris. Là non seulement le nom du Sarrasin Corsolt ou Corsubles revient, mais ce qui est beaucoup plus curieux, c’est qu’on a rattaché à la gloire

  1. Guillaume d’Apulée dit de lui (Gesta Roberti Wiscardi, I, v. 530-532, éd. Pertz, Mon. Germ. hist. in-f° ; Script. IX, 252) :

    Is, quia fortis erat, est ferrea dictus habere
    Brachia, nam validas vires animumque gerebat.


    Et plus loin (Ibid., II, v. 23-26 ; Pertz, ibid. IX, 254) :

    .............vir ferrea dictus habere
    Brachia Guilermus, cui, vivere si licuisset,
    Nemo poeta suas posset depromere laudes ;
    Tanta fuit probitas animi, tam vivida virtus.


    Geoffroy Malaterra n’en fait pas un moindre éloge dans son Historia Sicula. Il parle d’un combat singulier dans lequel Guillaume, « qui Ferreabrachia nuncupatur, » tue le commandant de Syracuse, « unde et maxima laudis admiratione deinceps apud Graecos et apud Siculos fuit. » Il l’appelle « laude militiae ferox, armis strenuus... quasi leo furibundus. » Hist. Sic. (Lib. I, cap. vii ; Muratori, Rer. Ital. Script. V, 55.)