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introduction

La fusion de deux personnages, l’un du Nord, l’autre du Midi, Guillaume de Montreuil-sur-Mer et Guillaume de Narbonne, qui vécurent à deux siècles d’intervalle, présentait aux jongleurs une double difficulté. L’une était la différence des dates : le héros du Midi était un guerrier de Charlemagne ; celui du Nord était contemporain de Louis. En réalité, il vivait, sous Lothaire, mais comme je l’ai rappelé précédemment, la poésie ne connaît que Pépin, Charles et Louis. Pour faire disparaître cette contradiction, on transporta sous Louis tous les faits du Guillaume du Midi, ainsi que tous les personnages de sa suite. C’est l’œuvre des jongleurs. Ce n’est que dans la traduction norvégienne du Moniage Guillaume qu’on voit celui-ci mourir sous Charlemagne. La rédaction française la plus ancienne, celle de l’Arsenal, met la scène sous Louis.

La seconde difficulté était la différence des lieux ; pour l’aplanir l’invention se donna libre carrière. Le Charroi de Nimes fut le pont qu’on jeta sur les deux rives du cycle. Guillaume demande en fief, comme récompense des services qu’il a rendus, les terres occupées par les Sarrasins ; il les obtient, forme un noyau de guerriers, et du Nord descend dans le Midi.

C’est ainsi qu’on rattacha l’un à l’autre les deux Guillaume, mais cette fusion de deux personnages en un seul est souvent très visible. Il arrive parfois que

    nom de Louis dans la classification des remanieurs. Ceux-ci n’admettaient dans les chansons que trois empereurs : Pépin, Charles et Louis ; les évènements qu’ils ne pouvaient placer sous le règne des deux premiers, ils les attribuaient au troisième.