Page:Langlois - Rig Véda.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
256
[Lect. VII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

nous réclamons votre antique secours, votre (constante) amitié, ô vous, amis fidèles et puissants, héros généreux et magnifiques : (soyez pour nous) comme deux pères.

8. Ô (dieux) bienfaisants, les Prières, dans leur ardeur de se joindre à vous, ont l’air de lutter entre elles pour vous prêter des forces. Nos Invocations et nos Chants viennent vers Indra et Varouna, comme les vaches (du sacrifice) vers le soma qui les embellit.

9. Oui, mes chants montent jusqu’à Indra et Varouna, et désirent leurs bienfaits. Tels (autour de leur seigneur) s’assemblent des serviteurs avides de richesses, de faibles femmes demandant leur nourriture.

10. Puissions-nous être possesseurs d’une opulence constante ! Puissions-nous avoir et des chevaux et des chars ! Que ces (dieux), dans leur course toujours propice, nous envoient des richesses et de (belles) montures !

11. Ô Indra et Varouna, soyez pour nous de généreux auxiliaires, et arrivez pour le combat qui nous promet d’abondantes dépouilles. Déjà les armes brillent dans cette mêlée. Puissions-nous recueillir les fruits de cette guerre !


HYMNE X.

À Indra et Varouna, par Trasadasyou[1].

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Varouna[2] parle.) Immortels, la royauté qui s’exerce sur nous tous se partage entre moi (et le dieu) Kchatriya[3], auteur de toute existence. Les dieux coopèrent à l’œuvre de Varouna. Je suis le roi de mes collègues.

2. Je suis le roi Varouna ; en moi résident toutes les forces vitales. Les dieux coopèrent à l’œuvre de Varouna. Je suis le roi de mes collègues.

3. Je suis Indra et Varouna ; je suis ces deux mondes, grands, beaux, larges et profonds. Tel que Twachtri, j’ai dans ma sagesse donné le mouvement à toute la nature. J’ai soutenu le ciel et la terre.

4. J’ai répandu les eaux purifiantes ; j’ai placé l’être lumineux au foyer du sacrifice. Par le sacrifice (est né) le brillant fils d’Aditi, qui a développé les trois mondes.

5. Les chefs aux nobles coursiers et ardents aux combats, les guerriers, au milieu de la mêlée, m’invoquent. Je suis Maghavan, je suis Indra, je préside aux batailles, je soulève la poussière (de la plaine), doué d’une force victorieuse.

6. C’est moi qui ai fait cet univers. Personne ne peut résister à ma puissance divine et invincible. Quand je suis enivré du soma et (du bruit) des hymnes, les deux mondes, dans leur immensité, tremblent (devant moi).

7. (Le poëte répond.) Tous les mondes te connaissent. Ô sage Varouna, ce que tu dis de toi est vrai. On te célèbre comme vainqueur de tes ennemis ; (tu es) Indra, et tu as délivré les Ondes.

8. Après la mort du fils de Dourgaha[4], nous avons eu pour pères les sept Richis. À l’épouse (de Pouroucoutsa) ils ont donné Trasadasyou, qui ressemble à Indra, et qui est vainqueur de Vritra et demi-dieu.

9. Ô Indra et Varouna, Pouroucoutsani[5] vous a honorés par ses holocaustes et ses invocations. C’est ainsi qu’elle a obtenu de vous Trasadasyou, vainqueur de Vritra et demi-dieu.

10. En récompense de nos libations et de nos holocaustes, puissions-nous, heureux Dévas, jouir de la richesse, comme les vaches (jouissent) de l’herbe du pâturage ! Ô Indra et Varouna, écartez de nous (le mal), et donnez-nous chaque jour la vache (de l’abondance).


HYMNE XI.

Aux Aswins, par Pouroumilha et Djamilha, fils de Souhotra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Quel dieu va nous entendre ? Parmi ces (protecteurs) dignes de nos sacrifices, quel est celui qui accueillera notre hymne ? En l’honneur de

  1. Trasadasyou est le Richi de cet hymne, c’est-à-dire celui qui parle et qui agit dans cette espèce de petit drame ; mais il ne saurait en être l’auteur, qui est probablement Vâmadéva.
  2. Le commentateur dit que la parole est à Trasadasyou. Le lecteur jugera si j’ai pu adopter cette idée. Trasadasyou est bien un héros demi-dieu : on le confond avec Mandhâtri, avatare d’Indra. Mais est-il possible de lui faire tenir le langage que l’on va entendre ?
  3. Ce mot signifie possesseur d’un Kchatra, d’un fief, et par conséquent guerrier. C’est une épithète qui convient à Indra, au dieu qui combat et qui est roi.
  4. Trasadasyou est fils de Pouroucoutsa, et petit-fils de Dourgaha. Après la mort de son père, il eut pour tuteurs sept Richis, que le commentaire semble indiquer comme étant ceux que l’on appelle Saptarchis.
  5. Nom de l’épouse de Pouroucoutsa. Par le conseil des Richis, elle a honoré Indra et Varouna, qui lui ont donné Trasadasyou.