Page:Langlois - Rig Véda.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
270
[Lect. I.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

sacrifice, placé sur le même char qu’Indra et les autres dieux. Il vient s’asseoir sur notre gazon, sacrificateur habile et exercé.

3. Délivré de ta chaîne, tu nais au sein de tes deux mères[1] ; pur, heureux et sage, tu t’élances vers les (mortels) qui t’honorent. Ô Agni, invoqué (par la prière), que la libation de beurre augmente tes forces ; que la fumée monte dans l’air et soit ton étendard.

4. Qu’Agni visite notre sacrifice et comble nos vœux. Les prêtres l’amènent également dans toutes les maisons. Il est notre messager, et le porteur de nos holocaustes. Il opère avec sagesse, et devient l’objet de notre culte.

5. Agni, je t’offre ces libations aussi douces que le miel. Que ma prière, que mon invocation te touche le cœur. Nos hymnes sont pour toi ce que les grands fleuves sont pour la mer : ils augmentent ta force et ta grandeur.

6. Ô Agni, tu étais caché dans le bois (de l’Aranî) ; les Angiras t’ont découvert dans ta retraite mystérieuse. Tu nais, obéissant à la force puissante qui agite (le flanc de ta mère) ; ô Angiras[2], voilà pour quel motif on t’appelle enfant de la Force.


HYMNE IV.
À Agni, par Soutambhara.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. J’adresse la prière du sacrifice au grand Agni, généreux, adorable auteur de la vie[3]. Au milieu de nos cérémonies (je jette) comme dans sa bouche le beurre purifié, et je lui apporte l’hymne qui va de lui-même à ce (dieu) bienfaisant.

2. Tu aimes le sacrifice ; daigne agréer le nôtre. Reçois ces larges libations que t’offre Rita[4]. Ce n’est pas un mauvais démon que je doive prendre par la force ou par la ruse ; c’est Rita que j’appelle pour honorer un (dieu) brillant et généreux.

3. Ô Agni, tu chéris nos sacrifices. Comment donc serais-tu indifférent à l’hymne, à la louange que te présente Rita ? Un dieu qui est le gardien des Saisons[5] doit savoir que je lui apporte de riches offrandes. Et moi, je ne sais rien du maître des Saisons.

4. Ô Agni, quels ennemis te retiennent enchaîné ? Quels sont donc (aujourd’hui) nos protecteurs, nos bienfaiteurs brillants ? Quels sont les soutiens de l’injustice, ô Agni ? Quels sont les pasteurs de l’impiété ?

5. Ô Agni, que, changeant de fortune, tes amis, autrefois malheureux, connaissent le bonheur. Qu’ils soient détruits, ceux qui emploient le mensonge envers celui qui est vrai dans ses discours.

6. Celui qui dans ton sacrifice t’honore par l’hymne et l’invocation, ô Agni, mérite la faveur d’un (dieu) brillant et libéral. Que sa maison devienne opulente ; que la race de Nahoucha[6] suive heureusement le cours de ses œuvres.


HYMNE V.
À Agni, par Soutambhara.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Avec des chants nous t’invoquons, ô Agni. Avec des chants nous allumons tes feux ; avec des chants (nous t’appelons) à notre secours.

2. Nous célébrons aujourd’hui la louange d’Agni qui s’élève dans le ciel, et nous attendons de lui le bonheur et la richesse.

3. Qu’Agni sacrificateur aime nos prières ; et, siégeant au milieu des hommes, qu’il honore la race des dieux.

4. Tu es, ô Agni, un illustre pontife, qui grandit par nos hommages. Par toi (les hommes) étendent leurs sacrifices.

5. Ô Agni, tu donnes l’abondance, et les sages par leurs louanges exaltent ta grandeur. Accorde-nous toute la force qui convient à l’homme.

6. Comme la jante de la roue embrasse les rayons, ô Agni, tu embrasses aussi tous les dieux. De toi dépendent les biens les plus précieux.


HYMNE VI.
À Agni, par Soutambhara.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Éveille Agni par la prière, et allume les feux de l’Immortel. Au milieu des Dévas, qu’il se charge de nos holocaustes.

2. Dans les sacrifices les mortels célèbrent un dieu immortel, le premier des pontifes au milieu de la race humaine.

  1. Les deux pièces de l’Aranî.
  2. Nom d’Agni.
  3. Asoura.
  4. Rita est le sacrifice personnifié.
  5. Ritoupah. Un ritou est la saison, le moment convenable pour les sacrifices.
  6. Nom d’un ancien roi, employé, comme Ayou, comme Pouroû, pour désigner la race humaine. Cependant voy. page 300, col. 1, note 1. Ma traduction, à dessein, est ambiguë.