Page:Langlois - Rig Véda.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
304
[Lect. IV.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

chantons un hymne qui renferme toutes les vertus, celle de plaire au dieu et de vaincre nos ennemis.

2. Personne ne saurait ébranler la royauté de Savitri, (royauté) chérie et qui se soutient d’elle-même.

3. Que Savitri, (qui est aussi) Bhaga, donne à son serviteur les biens les plus précieux. Nous réclamons de lui un riche partage[1].

4. Ô Savitri, donne-nous aujourd’hui la fortune et le bonheur de la famille. Repousse loin de nous (la pauvreté), qui empêche de dormir.

5. Ô divin Savitri, repousse loin de nous tous les maux, et donne-nous la prospérité.

6. Ne manquons pas d’honorer Aditi, qui nous procure tous les biens en enfantant le divin Savitri.

7. Nous célébrons aujourd’hui dans nos hymnes Savitri, qui renferme en lui tous les dieux, qui est le maître de la piété et l’auteur de toute justice.

8. Le divin Savitri, animé par de bonnes pensées, préside sagement au jour et à la nuit.

9. Que Savitri produise donc tous ces êtres, qui avec reconnaissance écoutent le bruit de sa gloire.


HYMNE XXI.
À Pardjania[2], par Bhôma, fils d’Atri.
(Mètres : Djagatî et Anouchtoubh.)

1. Parle devant tous. Célèbre par tes chants, honore par tes offrandes le vigoureux Pardjanya ; fécond, rapide, retentissant, il répand une heureuse semence au sein des plantes.

2. Il déracine les arbres, il donne la mort aux Rakchasas ; avec sa grande arme, il épouvante le monde. La foudre à la main, le bienfaisant Pardjanya va faisant la guerre aux impies qui retiennent les ondes.

3. Tel que l’écuyer, qui avec le fouet stimule ses chevaux, Pardjanya se fait annoncer par des courriers chargés de pluies ; et quand il couvre le ciel de nuages, il en sort de longs frémissements de lion.

4. Les vents soufflent, les éclairs brillent, les plantes croissent, l’air est inondé. La terre renaît pour tous. Pardjanya a fécondé Prithivî.

5. Par toi, ô Pardjanya, la (céleste) Prithivî a plié sous son fardeau, les vaches (aériennes) se sont remplies, toutes les plantes ont grandi. Sois donc notre protecteur puissant.

6. Ô Marouts, envoyez-nous la pluie du haut du ciel. Que (le nuage, tel) qu’un mâle étalon, nous lance sa rosée. (Ô Pardjanya), toi qui donnes la vie[3], toi qui es notre père, viens avec cette (masse) où gronde la foudre, et répands sur nous les ondes.

7. Fais entendre ta clameur, tonne, dépose sur (les plantes) un germe (précieux). Vole de tout côté sur ton char humide. Déchire l’outre du nuage ; qu’elle s’épuise sur nous, et que les collines, comme les plaines, se trouvent inondées.

8. Ouvre et répands sur nous ce grand trésor. Que les Ondes prisonnières s’échappent. Arrose le ciel et la terre de ce beurre (limpide). Que nous buvions le lait des vaches (célestes) !

9. Ô Pardjanya, quand, au milieu des murmures du nuage et de la foudre, tu envoies la mort aux méchants, le monde entier tressaille de joie ; tout ce qui est sur la terre se réjouit.

10. Tu nous as donné la pluie pour notre bonheur. Tu as rendu la vie aux déserts arides. Tu as produit les plantes utiles à notre existence. Ainsi tu as mérité les hommages des mortels.


HYMNE XXII.
À Prithivî[4], par Bhôma.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Ô Prithivî, c’est en ton sein que se déchirent les montagnes (célestes) ; ô grande et noble (déesse), tu réjouis la terre avec les torrents que tu laisses tomber.

2. Dans tes courses variées, nos hymnes te célèbrent, ô toi, (déesse) brillante, qui lances la nue comme un cheval hennissant.

3. Tout ce qui est fort, les arbres mêmes, c’est toi qui le soutiens avec la terre, en faisant, par ta puissance, couler du ciel resplendissant les ondes de la pluie[5].


  1. Bhâga. Il y a ici un jeu de mots, qui consiste dans le rapprochement de Bhâga et de Bhaga.
  2. Nom de Roudra, considéré principalement dans les nuages.
  3. Asoura.
  4. Cette Prithivî est celle que nous distinguons par le surnom de céleste. Voy. plus haut, page 293, col. 2, note 3. C’est le nuage ainsi personnifié.
  5. Un quatrième distique a été intercalé sur un manuscrit. Le commentaire n’en fait pas mention.