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[Lect. V.]
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RIG-VÉDA. — SECTION CINQUIÈME.

l’œuvre des Dévas ; l’Aurore avait (déjà) dévoilé toute la nature.

2. Mes yeux ont vu les voies suivies par les Dévas, (voies) innocentes, et ornées par les (feux des) Vasous[1]. L’étendard de l’Aurore apparaît ; la (déesse) est sortie à l’orient de son palais (divin).

3. Les Jours se rendent en foule à l’orient au lever du Soleil. Ils l’environnent, tels que des amants. Aurore, tu t’avances comme décidée à ne pas reculer.

4. Nos pères[2], ces sages antiques et justes, se sont, avec les Dévas, livrés aux joies du sacrifice. Ils ont été à la recherche de la lumière cachée, et par leurs saintes prières ils ont enfanté l’Aurore.

5. Au sein de la vaste et obscure caverne, ils se sont assemblés ; et, s’entendant ensemble dans leurs mutuels efforts, ils ont consolidé l’œuvre des Dévas, et marché avec les Vasous.

6. Aurore noble et fortunée, les Vasichthas s’éveillent avec le jour, s’empressent de te célébrer, et te chantent dans leurs hymnes. Ô toi qui diriges les Vaches (lumineuses), et qui es la maîtresse de l’abondance, lève-toi, et accueille nos premiers accents.

7. L’Aurore se lève, amenant l’Opulence et la Prière. Elle est célébrée par les Vasichthas, et répand sur nous une richesse au loin renommée. Et vous, secondez-nous toujours de vos bénédictions.


HYMNE XVIII.
À l’Aurore, par Vasichta.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Telle qu’une jeune femme, (l’Aurore) a brillé, et met sur pied tous les êtres vivants. Agni est alimenté par les enfants de Manou ; il fait la lumière qui chasse les ténèbres.

2. Elle s’avance ; elle s’étend, et, vêtue de sa robe resplendissante, elle éclaire le monde. Elle apparaît, belle et dorée, mère des Vaches (lumineuses) et guide des Jours.

3. La fortunée (déesse) amène l’œil brillant des dieux ; elle conduit le beau cheval (du ciel). L’Aurore développe à nos yeux ses rayons, féconde en présents variés, et dominant tous les êtres.

4. Ô toi qui nous apportes le bonheur et repousses nos adversaires, lève-toi ; donne-nous la sécurité, agrandis notre habitation. Ô riche (déesse), chasse l’ennemi, amène l’opulence, envoie la fortune à ton chantre.

5. Ô divine Aurore, fais briller pour nous tes plus beaux rayons. Prolonge notre existence. Tu possèdes tous les biens ; donne-nous l’abondance, (donne-nous) une opulence remarquable en vaches, en chevaux, en chars.

6. Fille du Ciel, noble Aurore, les Vasichthas par leurs prières font ta grandeur. Accorde-nous une noble et large fortune. Et vous, secondez nous toujours de vos bénédictions.


HYMNE XIX.
À l’Aurore, par Vasichta.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Les premières lueurs (du matin) ont apparu : les rayons de l’Aurore se sont développés. (Ô déesse), viens sur ton char large et lumineux, et apporte-nous le bonheur.

2. Agni s’enflamme et résonne. Les prêtres lui répondent par leurs chants et leurs prières. La divine Aurore arrive avec la lumière, et repousse au loin les ténèbres et les maux.

3. Nos yeux ont aperçu à l’orient les brillantes Aurores qui s’avancent, enfantent le Soleil, le Sacrifice, Agni. Les odieuses Ténèbres ont fui à l’occident.

4. L’opulente fille du Ciel est arrivée. Tous les regards sont fixés sur l’éclatante Aurore. Elle monte sur son char que vient d’atteler la Swadhâ, et que traînent de dociles coursiers.

5. Nos riches seigneurs et nous, aujourd’hui, animés d’un pieux esprit, nous voulons t’éveiller. Ô brillantes Aurores, répandez (sur la terre) votre rosée onctueuse. Et vous, secondez-nous toujours de vos bénédictions.


HYMNE XX.
À l’Aurore, par Vasichta.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. L’Aurore a ouvert les voies des mortels ; elle éveille les cinq espèces d’êtres, enfants de Manou[3]. Le soleil, avec ses (rayons) magnifiques et féconds, a répandu la lumière, et il a, de son œil, dévoilé le Ciel et la Terre.

  1. Les Vasous sont une classe de dieux, sans doute les Feux, comme nous l’avons vu ailleurs.
  2. Le poëte désigne ici les Angiras. Voy. page 41, col. 2, note 1. Au lieu de dire nos pères, peut-être vaudrait-il mieux dire les Pitris. Voir plus haut, page 347, col. 1, note 3.
  3. Voy. page 45, col. 1, note 1.