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[Lect. VIII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

26. Quand vous arrivez de la région lointaine, vous précipitant à travers l’espace des airs, le Ciel pousse des cris de peur comme à la vue d’Ousanas[1].

27. Venez, ô Dieux, recevoir le don de notre sacrifice avec vos coursiers aux pieds d’or.

28. Quand leurs daims emportent le joug rougeâtre de leur char, ils s’en vont, et dans leur marche brillante entraînent les ondes.

29. Que ces héros abaissent leurs chars sur les bords du Saryanâvan, dans le pays de Ridjîca[2], où abondent les demeures (du sacrifice), où coulent les flots de la libation.

30. Quand donc, ô Marouts, comptez-vous venir vers le sage qui vous invoque et qui vous prie en vous présentant l’offrande ?

31. Que (peut dire) le (sage) qui fait votre éloge, lorsque (dans le combat) vous avez abandonné Indra ? Qui peut se fier en votre amitié ?

32. Ô fils de Canwa, louez Agni, (et sachez que) notre force est dans les Marouts qui manient la foudre, et portent une armure d’or.

33. J’engage à répandre sur nous des biens toujours nouveaux ces (dieux) généreux, adorables, doués d’une abondance variée.

34. Touchées par eux, les superbes collines s’abaissent. Les montagnes (célestes) sont soumises à leurs lois.

35. Leurs coursiers les transportent rapidement dans les airs, et envoient à leurs serviteurs les richesses dont ils sont chargés.

36. Agni est né le premier (d’entre les dieux), et resplendissant comme le glorieux soleil. Les Marouts apparaissent entourés de rayons.


HYMNE IV.
Aux Aswins, par (Vatsa ?) Sadhwansa, enfant de Canwa.
(Mètres : Ouchnih et Anouchtoubh.)

1. Secourables Aswins, venez à nous avec tous vos secours ; venez sur votre char d’or, et buvez.

2. Ô Aswins (dieux) sages et protecteurs, pleins d’une profonde prudence et couverts d’un vêtement d’or, venez prendre le miel de notre soma sur votre char brillant comme le soleil.

3. À la voix de nos hymnes, venez de l’air qui vous tient dans ses liens[3]. Buvez, ô Aswins, le miel que les Canwas répandent dans le sacrifice.

4. Venez à nous de l’air qui brille autour de vous. (Soyez) heureux dans cette assemblée ; fils de Canwa, je vous offre le miel du soma.

5. Venez à nous, ô Aswins ; (venez) à notre appel pour boire le soma, sages héros dont nos offrandes, nos louanges et nos œuvres augmentent la grandeur.

6. Ô vaillants Aswins, les Richis implorent vos secours protecteurs. Arrivez au bruit de mon hymne.

7. Ô (Dieux) qui donnez le bonheur et favorisez (l’homme pieux) qui vous sert, venez à nous du haut du ciel resplendissant. Écoutez mon invocation, accompagnée de prières et d’hymnes.

8. Ô Aswins, d’autres que nous vous honorent-ils (mieux) avec leurs chants ? Le Richi Vatsa, fils de Canwa, par ses hymnes accroît votre grandeur.

9. Ô Aswins, le sage vous célèbre et vous appelle à son secours. (Dieux) bienfaisants et vainqueurs de Vritra, soyez-nous favorables.

10. Ô Aswins trésors d’abondance, quand votre jeune épouse monte sur votre char, vous courez alors à l’accomplissement de tous vos desseins.

11. Venez donc, ô Aswins, sur votre char aux mille formes. Le poëte Vatsa, fils de poëte, a composé pour vous un hymne aussi doux que le miel.

12. Ô Aswins, ô vous qui soutenez (le monde) et dispensez la richesse, vous qui faites la force des hommes et méritez tous leurs hommages, écoutez mon hymne.

13. Ô Aswins, donnez-nous tous les biens sans réserve. Faites que nous agissions au moment favorable. Ne nous exposez pas au blâme.

14. Ô Véridiques Aswins, que vous soyez dans la région lointaine ou dans une région plus voi-

  1. Ce vers renferme le mot Ousanâ pour Ousanasâ. Voy. page 319, col. 1, note 2. Je pense que ce personnage, appelé Ousan, peut être confondu avec Ousanas, et que, sous un autre nom, c’est Vritra ou l’obscurité. Ce mot, venant de la racine vas qui a le sens de désirer, exprime l’avidité que le poëte prête aux Asouras, qui veulent ravir l’eau et la lumière.
  2. Le commentaire met ce pays dans le Couroukchétra.
  3. Le texte porte le mot nahouch, que le commentaire regarde comme synonyme de manouchya (homme). Pour le sens que je donne au mot nahouch, voy. page 300, col. 1, note 1. Dans le vers suivant, le mot antarikchât, au lieu de nahouchah, est accompagné du mot divah, que je regarde aussi comme une épithète. Il me semblerait que la différence qui existe entre ces deux expressions est que la première désigne le ciel pendant la nuit ; la seconde, le ciel pendant le jour.