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[Lect. III.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

19. Ô Indra, invoqué par les humains, viens chercher leurs libations ; (viens) boire leur soma.

20. Prends ces breuvages où se trouve mêlé le lait de la vache. Ces ondes, ce soma est à toi.

21. Viens te joindre à celui qui, dans le lieu du sacrifice, t’invoque avec la prière et la libation. Bois le breuvage qui t’est versé.

22. Ô Indra, jette les yeux sur les trois vaches (de la libation)[1] ; viens vers elles de la région lointaine[2] ; viens vers les cinq espèces d’êtres.

23. Envoie-nous (tes faveurs), comme le soleil (envoie) ses rayons. Que ma prière t’attire vers nous, et accours avec la rapidité de l’eau qui descend dans la plaine.

24. Ô prêtre, verse le soma en l’honneur de ce héros à la belle figure. Présente-lui ce (doux) breuvage.

25. C’est lui qui a fendu le nuage (pour produire la pluie), qui a lancé les ondes, qui a rempli de lait (la mamelle) des vaches (célestes).

26. Ce (dieu) resplendissant a donné la mort à Vritra, à Ornavâbha, à Ahîsouva. Il a glacé le cœur d’Arbouda.

27. Chantez donc un hymne en l’honneur d’un dieu terrible, fort, vainqueur, triomphant.

28. Enivré de notre soma, (heureux) de nos offrandes, Indra poursuit au milieu des dieux tous ses travaux.

29. Que ses deux coursiers à la crinière d’or, amis de nos libations, l’amènent au banquet qui lui est préparé.

30. Ô (Dieu) que le monde glorifie, tes deux chevaux, célébrés par Priyamédha, brûlent de t’amener vers nous pour boire le soma.


HYMNE II.
À Indra, par Médatithi.
(Mètres : Vrihatî, Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Ô vainqueur de Vritra, nous avons préparé un pur gazon, nous versons des flots de libations, et au milieu des torrents de soma tes chantres te célèbrent.

2. Ô puissant Indra, les prêtres, les mains chargées d’offrandes, invoquent ton nom dans leurs hymnes. Viens dans notre demeure, tel qu’un taureau mugissant, et satisfais ta soif.

3. Ô sage et victorieux Maghavan, accorde aux Canwas une féconde abondance, (heureux) fruit de tes triomphes. Nous te demandons une (opulence) variée, et des troupeaux de vaches.

4. Ô Médhyâtithi, en l’honneur d’Indra bois, chante, enivre-toi de soma. Indra, armé de la foudre, attelle à son char d’or ses deux coursiers azurés, et aime à venir prendre nos libations.

5. Indra est un maître puissant que célèbrent nos chants. Il a une main droite et une main gauche également fortes. Auteur de nombreux exploits, bienfaiteur opulent, d’un bras ferme il fend les nuages.

6. Combattant redoutable, il est toujours sûr de la victoire. Il est entouré de riches présents ; le soma, comme la louange, lui sont prodigués, et par ses œuvres il devient pour le sacrificateur une espèce de vache (féconde).

7. Qui a vu (Indra) venir prendre sa part des libations ? Quelle offrande aime-t-il (de préférence), ce (dieu) à la belle figure, qui, heureux de nos présents, brise avec force les villes (célestes) ?

8. De même que l’éléphant (porte avec lui) les sucs de son ivresse amoureuse[3], de même (Indra) s’emplit des sucs de la libation (qu’il puise) en divers lieux. (Ô Dieu), que personne ne t’arrête ; viens prendre le soma. Tu es grand, et tu marches avec force.

9. Le magnifique Indra est terrible, ferme, vigoureux, armé pour le combat. Dès qu’il entend la voix de son chantre, Indra arrive sans hésiter.

10. Tu es généreux, et traîné par de généreux (coursiers), ô (Dieu) terrible et invulnérable. C’est avec raison que l’on te célèbre de loin comme généreux, de près comme généreux encore.

11. Ô Maghavan, féconds et généreux sont tes rênes, ton fouet d’or, ton char, tes deux coursiers, et toi-même, ô Satacratou.

12. Qu’un généreux sacrificateur verse pour toi la libation, ô (Dieu) généreux, dont la marche est toujours droite, et qui diriges avec force tes coursiers ; apporte une onde généreuse à celui qui te présente un généreux (soma).

13. Ô puissant Indra, viens boire le miel de notre soma. Le fortuné Maghavan n’entend-il pas nos prières et nos hymnes ? Ne (voit-il pas) nos cérémonies ?

14. Ô Satacratou, (divin) Arya, vainqueur de

  1. Je suppose qu’il est question de trois sacrifices. Le mot vaches est entendu par le commentateur comme synonyme d’hymnes (stoutayah).
  2. Parâvatah.
  3. Le texte porte le mot dânâni, que le commentaire explique par madadjalâni. C’est l’humeur qui coule des tempes de l’éléphant en rut.