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[Lect. IV.]
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RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

corps à celui de cet époux, et répondez tous deux aux vœux de notre sacrifice.

28. Mais je ne vois plus que du rouge et du noir : c’est Crityâ[1], qui s’attache à l’époux. Le nombre de ses (noirs) parents augmente ; et le mari se trouve enchaîné au milieu d’eux.

29. Donne aux prêtres tes vêtements : donne-leur tes parures. Crityâ, sous la forme de l’épouse, pénètre chez l’époux.

30. Avec cette pécheresse le corps brillant (de l’époux) est dépouillé de ses parures. Il est comme lié et resserré dans son vêtement.

31. Que les Maladies, qui accompagnent naturellement les pompes nuptiales, soient repoussées par les dieux adorables dans les lieux d’où elles sortent.

32. Que les compagnons des époux ne voient point de voleurs sur leur chemin. Que les routes deviennent bonnes pour eux. Que leurs ennemis s’enfuient.

33. Que cette épouse soit heureuse. Approchez d’elle ; regardez-la. Faites-lui vos souhaits, et retournez dans vos demeures.

34. Tel mets est brûlant, tel autre est piquant ; tel est noir comme la poële, tel autre est pareil à du poison[2]. On ne saurait les manger. Le prêtre qui peut connaître Soûryâ mérite d’avoir la robe de l’épouse.

35. Les désirs sont variés. Que chacun soit servi à son gré. Vois toutes les formes de Soûryâ : c’est le prêtre qui les purifie.

36. « Je prends ta main pour notre bonheur, » (dit Agni) ; « je veux que tu sois ma femme et que tu vieillisses avec moi. Bhaga, Aryaman, Savitri, le puissant (Indra)[3], les Dieux t’ont donnée à moi, qui suis Gârhapatya. »

37. « Ô Poûchan, amène cette (épouse) fortunée dans laquelle les enfants de Manou doivent trouver un germe fécond, (cette épouse) disposée à se livrer à mes désirs, et que j’appelle de tous mes vœux[4]. »

38. Ô Agni, (les Gandharwas), avec toute la pompe nuptiale, environnent le char de Soûryâ, qu’ils t’amènent. En récompense (de nos hommages), donne aux maris une épouse et des enfants.

39. Oui, qu’Agni nous donne une épouse pleine de santé, pleine de beauté. Que le mari de cette épouse prolonge sa carrière et vive cent automnes.

40. Soma en premier lieu, et le Gandharwa Viswâvasou ensuite, s’unirent à toi, (ô Soûryâ) ! Ton troisième époux fut Agni ; le quatrième, le fils de Manou.

41. (Le fils de Manou parle.) Soma t’a donnée au Gandharwa ; le Gandharwa, à Agni ; Agni m’a confié à moi cette fille opulente.

42. (Le poëte parle.) (Chers époux), restez ici ; ne vous éloignez pas ; passez ensemble votre vie, heureux dans votre demeure, et jouant avec vos enfants et vos petits-enfants.

43. (Le fils de Manou reprend.) Que Pradjâpati nous donne une race nombreuse : qu’Aryaman prolonge notre vie. Entre sous d’heureux auspices dans la maison conjugale. Que le bonheur soit chez nous pour les bipèdes et les quadrupèdes !

44. Viens, ô belle (épouse), ô désirée des dieux, (femme) au cœur tendre, au regard charmant, bonne pour ton mari, bonne pour les animaux, destinée à enfanter des héros. Que le bonheur soit chez nous pour les bipèdes et les quadrupèdes !

45. Ô généreux Indra, rends-la fortunée. Qu’elle ait une belle famille. Qu’elle donne à son époux dix enfants. Que lui-même il soit comme le onzième[5].

46. Règne avec ton beau-père ; règne avec ta belle-mère. Règne avec les sœurs de ton mari ; règne avec ses frères.

47. Que tous les Dieux, que les Ondes protégent tout ce qui nous est cher. Que Mâtariswan, qu’(Agni, surnommé) Dhâtri, que (Saraswatî) la généreuse[6] nous accorde à tous deux son appui[7].





LECTURE QUATRIÈME.
HYMNE I.
À Indra. — Richis : Indra, Vrichâcapi, Indrânî.
(Mètre : Panktî.)

1. (Indrânî[8] parle). Ils ont versé la libation, et n’ont point pensé au divin Indra. Le grand Vri-

  1. Crityâ est un mauvais génie femelle. N’est-ce pas le démon de la nuit obscurcissant Vibhâvasou ?
  2. Je ne sais pour quelle raison le commentateur se donne une peine extrême pour faire rapporter ces diverses idées à la couleur des vêtements.
  3. Surnommé ici Pourandhî.
  4. Détails assez lubriques dans le texte.
  5. Dans les Pourânas, Manou Vêvaswata a dix fils et un gendre.
  6. Dechtrî.
  7. Le manuscrit du texte contient un varga de plus, dont le commentaire ne parle pas.
  8. Indrânî, femme d’Indra, est la prière adressée particulièrement à ce dieu.