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[Lect. IV.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

châcapi[1] goûte la joie des sacrifices ; il est mon ami ; mais Indra est supérieur à tout.

2. Tu viens, ô Indra, et tu t’inquiètes de Vrichâcapi. Tu ne saurais aller ailleurs pour boire le soma. Indra est supérieur à tout.

3. Que te fait ce Vrichâcapi, ce brillant habitant[2] des plaines (célestes) ? Puissant Arya, tu lui envoies l’éclat et la richesse. Indra est supérieur à tout.

4. Indra, ce Vrichâcapi t’est cher, et tu le protéges. Le chien, qui poursuit le sanglier, doit le saisir par l’oreille. Indra est supérieur à tout.

5. (Vrichâcapi) est capable de gâter mes plus belles offrandes. J’aimerais mieux lui abattre la tête, que d’amener cet impie. Indra est supérieur à tout.

6. Il n’est point d’épouse qui ait pour son époux plus de trésors d’amour. Il n’en est point qui soit plus complaisante, plus empressée à combler ses désirs[3]. Indra est supérieur à tout.

7. (Vrichâcapi parle.) mère excellente, que ta volonté soit faite ! Cependant c’est pour moi que s’unissent deux nobles époux ; c’est pour moi que ta bouche se prête à un doux langage. Indra est supérieur à tout.

8. Épouse d’un héros, douée de grands bras, de beaux doigts, d’une longue chevelure, d’un large sein, pour quel motif te mets-tu en colère contre nous, Vrichâcapi ? Indra est supérieur à tout.

9. (Indrânî parle.) Cet habitant des plaines (célestes) me parle comme à une femme qui n’aurait point d’époux. Cependant je suis l’épouse d’Indra, je suis mère d’un fils, et amie des Marouts. Indra est supérieur à tout.

10. Le privilége de la femme est de partager avec son époux les honneurs du sacrifice. L’alliée de Rita, l’épouse d’Indra, la mère d’un fils mérite les hommages. Indra est supérieur à tout.

11. (Indra parle.) J’ai entendu Indrânî, la plus fortunée de toutes les femmes. Elle n’a point, comme les autres, un époux qui meurt de vieillesse. Indra est supérieur à tout.

12. Indrânî, je n’ai aucun bonheur sans Vrichâcapi, qui m’est cher. Je vois avec plaisir l’onde des libations couler pour lui au milieu des Dévas. Indra est supérieur à tout.

13. (Femme) riche et pure, heureuse mère de Vrichâcapi, fais goûter à Indra les taureaux[4] que tu lui prépares. Qu’il reçoive par toi le tribut d’holocaustes qu’il aime. Indra est supérieur à tout.

14. Oui, pour moi se préparent et quinze et vingt taureaux. Cette nourriture est succulente et remplit mon double ventre[5]. Indra est supérieur à tout.

15. (Indrânî parle.) Tel qu’un taureau qui aiguise ses cornes et mugit au milieu du troupeau, (tel tu m’apparais). Ô Indra, sois heureux de ces libations que te présente ton épouse ! Indra est supérieur à tout.

16. Il n’est point maître, celui dont l’amour se prononce avec mollesse. Le maître est celui qui brise hardiment la résistance de la pudeur[6]. Indra est supérieur à tout.

17. (En ce moment) le maître n’est pas celui qui brise hardiment la résistance de la pudeur. Il est maître, celui dont l’amour se prononce avec mollesse. Indra est supérieur à tout.

18. Ô Indra, que ce Vrichâcapi tue l’ennemi qui occupe le ciel, et qu’il réclame alors et le fer et la victime, le plat nouveau (du sacrifice), et le chariot rempli de bois, Indra est supérieur à tout.

19. (Indra parle.) Je viens avec splendeur, et j’établis la distinction entre le Dasyou et l’Arya. Je bois la libation, et je contemple le sage. Indra est supérieur à tout.

20. Une grande distance sépare le désert et la forêt. Ô Vrichâcapi, rapproche-toi des demeures habitées. Indra est supérieur à tout.

21. Viens, ô Vrichâcapi ! Faisons ensemble le bonheur (des mortels). Commence par tuer le Sommeil, et poursuis ta route vers les habitations, Indra est supérieur à tout.

22. (Le poëte parle.) Ô Indra et Vrichâcapi, (ô Indrânî), quand vous vous levez pour venir dans nos demeures, que devient l’impie, habitant des plaines (célestes) ? Où se retire-t-il, le trompeur des nations ? Indra est supérieur à tout.

23. La hache, de Manou a façonné vingt (flè-

  1. Vrichâcapi me semble être Agni, ou le Soleil, considéré ici comme fils d’Indra.
  2. Le texte porte simplement le mot mriga. Dans Vrichâcapi on trouve le mot capi, qui signifie singe. Le soleil, dans les plaines de l’air, est sans doute assimilé au singe qui s’élève dans les branches de l’arbre.
  3. Dans cette strophe et les suivantes, ces détails d’amour conjugal sont exprimés très-crûment.
  4. Il me semble que ces taureaux offerts par Indrânî sont les stances mêmes de l’hymne. La stance qui suit l’indique, suivant moi, par les nombres qu’elle exprime.
  5. Le double ventre d’Indra doit être une allusion au ciel et à la terre.
  6. Expressions licencieuses dans le texte.