Page:Langlois - Rig Véda.djvu/608

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
600
[Lect. VIII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

3. Héros brillants et magnanimes, voilà des (mortels) qui attendent l’effet de vos œuvres. La louange semble vous appeler du ciel.

4. nobles et opulents Aswins, faites éclater votre bienveillance et votre générosité. Comblez-nous de vos biens dans nos larges mains et dans le sacrifice.

5. Ô Véridiques (Aswins), Bhoudjyou[1] était tombé dans la mer ; vous l’avez protégé, et par la route de l’air vous l’avez ramené avec vos (coursiers) ailés.

6. Héros fortunés et magnifiques, possesseurs de tous les biens, donnez-nous vos trésors, et ouvrez pour nous la source de l’abondance.


HYMNE II.
À Indra. — Richi : Souparna, fils de Tarkchya.
(Mètres : Gâyatrî, Vrihatî et Pankti.)

1. Ô sage (Indra), l’immortel Indou vient vers toi, tel qu’un coursier, robuste et impétueux.

2. Redoutable Ribhou, il est digne de nos louanges, (il est l’espoir) du sacrificateur. (Merveilleux) Ribhou, il apporte cette (sainte) ivresse qui aiguise la foudre[2] et prépare la victoire.

3. À la vue de l’épervier[3] puissant, que le taureau Ahîsouva[4] abandonne le lait de ses (Vaches célestes).

4. L’oiseau, enfant de l’épervier (poétique)[5], appelle du ciel le char d’Ahi qui a cent roues.

5. L’épervier t’apporte dans sa serre ce beau, cet Innocent (soma) qui doit être ta nourriture, qui donne la vie et augmente la famille.

6. C’est ainsi qu’Indra, s’unissant à Indou, obtient parmi les Dévas un grand ascendant. (Dieu) puissant, par notre œuvre tu reçois la libation, c’est-à-dire la nourriture et la vie.


HYMNE III.
À Indra. — Richi : Souparna, fils de Tarkchya.
(Mètres : Gâyatrî, Vrihatî et Pankti.)

1. (Indrâni[6] parle.) Je cultive cet arbre vigoureux, par le moyen duquel on tue sa rivale et l’on obtient un époux.

2. (Arbre) puissant et fortuné, que soignent les Dévas et qui étends tes larges feuilles, fais que je voie ma rivale s’éloigner de la maison, et mon époux être tout à moi.

3. (Arbre merveilleux et) grand, je suis grande aussi ; plus grande que tout ce qui est grand, comme ma rivale est plus basse que tout ce qui est bas.

4. Je ne prononce pas son nom ; elle n’est point de notre race. Nous envoyons ma rivale dans une contrée lointaine.

5. Je suis forte ; tu es fort également. Tous deux vigoureux, nous devons vaincre ma rivale.

6. Donne-moi ta force victorieuse ; que je la reçoive avec celle de (mon époux). Que ton âme vienne à moi, comme la vache va vers son nourrisson, comme l’onde suit son cours.


HYMNE IV.
À Aranyani[7], par Déyamouni, fils d’Irammada.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Ô Âranyânî, habitante des forêts, pourquoi ne viens-tu pas dans le bourg ? Pourquoi as-tu l’air de craindre ?

2. Cependant le taureau revient, répondant par son mugissement à la voix qui l’appelle. Comme il paraît grand dans la forêt au milieu de ses (Vaches) au col allongé !

3. Ainsi les Vaches paissent l’herbe ; la maison brille à la vue, et Aranyânî doit atteler le soir ses chariots.

4. L’un appelle la vache ; l’autre fend le bois. Celui qui habite dans Aranyânî[8] a fait le soir entendre sa voix. On sent sa présence.

5. Aranyânî est bonne, et personne ne veut la blesser. On connaît ses doux fruits, et l’on veut en goûter.

  1. Voy. page 109, col. 2 et alibi. Bhoudjyou, fils de Tougra (l’eau), me semble être le nuage tombé dans la mer, et ramené à travers les airs par la force des rayons du Jour. C’est peut-être aussi le Soma extrait du Samoudra.
  2. Traduction de l’épithète oûrdhwacrisana, dont le commentaire fait un nom propre.
  3. Nous avons vu que cet épervier est la Gâyatrî, le mètre poétique.
  4. Ahîsouva est un Asoura. Voy. page 423, col. 1. Je suis loin d’être d’accord avec le commentaire pour la traduction de ce passage.
  5. Je suppose que l’oiseau, enfant de l’épervier, c’est l’hymne lui-même.
  6. Indrâni est le rig, la prière consacrée à Indra, et regardée comme son épouse.
  7. C’est-à-dire la déesse de l’Aranî.
  8. Je crois qu’il est question d’Agni.