Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/135

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« organisation » rationnelle « du travail » est déjà ancienne. On parlait déjà couramment, il y a cinquante ans, de « contrôle », de « concentration des forces » dispersées ; on rêvait de « vastes ateliers » organisés sur le modèle de ceux de la grande industrie moderne, où les travaux préparatoires de l’érudition seraient exécutés en grand, au mieux des intérêts de la science. Dans presque tous les pays, en effet, les Gouvernements (par l’intermédiaire de Comités et de Commissions historiques), les Académies et les Sociétés savantes ont travaillé, de nos jours, comme l’avaient fait, sous l’ancien régime, les congrégations monastiques, à grouper les érudits de profession pour de vastes entreprises collectives et à coordonner leurs efforts. Mais l’embrigadement des spécialistes de la critique externe au service et sous la surveillance des hommes compétents souffre de grandes difficultés matérielles. Le problème de l’« organisation du travail scientifique » est encore à l’ordre du jour[1].

III. Leur orgueil et leur excessive âpreté dans les jugements qu’ils portent sur les travaux de leurs confrères sont souvent reprochés aux érudits, nous l’avons vu, comme une marque de leur excessive « préoccupation des petites choses », en particulier par des personnes dont les essais ont été sévèrement jugés. À la vérité, il y a des érudits modestes et bienveillants : c’est une question de caractère ; la « préoccupation » professionnelle « des petites choses » ne suffit pas à

  1. L’un de nous (M. Langlois) se propose d’exposer ailleurs, en détail, ce qui a été fait depuis trois cents ans, mais surtout au xixe siècle, pour l’organisation des travaux historiques dans les principaux pays du monde. Quelques renseignements ont déjà été réunis à ce sujet par J. Franklin Jameson, The expenditures of foreign governments in behalf of history, dans l’Annual Report of the American Historical Association for 1891, p. 38-61.