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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/145

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arrive à cette règle générale de méthode : l’étude de tout document doit commencer par une analyse du contenu sans autre but que de déterminer la pensée réelle de l’auteur.

Cette analyse est une opération préalable, séparée et indépendante. L’expérience engage, ici comme pour les travaux d’érudition[1], à adopter le système des fiches. Chaque fiche recevra l’analyse, soit d’un document, soit d’une partie distincte d’un document, soit d’un épisode d’un récit ; l’analyse devra indiquer, non seulement le sens général du texte, mais, autant que possible, le but et la conception de l’auteur. On fera bien de reproduire textuellement les expressions qui sembleront caractéristiques de la pensée de l’auteur.

Il peut suffire parfois d’avoir analysé le texte mentalement : on n’a pas toujours besoin d’écrire matériellement une fiche d’ensemble ; on se bornera alors à noter les traits dont on croit pouvoir tirer parti. — Mais contre le danger toujours présent de mettre son impression à la place du texte, il n’existe qu’une précaution sûre ; aussi fera-t-on bien de l’ériger en règle : s’astreindre à ne faire des extraits ou des analyses partielles d’un document qu’après en avoir fait une analyse d’ensemble[2], sinon matérielle, du moins mentale.

Analyser un document, c’est discerner et isoler toutes les idées exprimées par l’auteur. L’analyse se ramène ainsi à la critique d’interprétation.

L’interprétation passe par deux degrés, le sens littéral et le sens réel.

  1. Cf. ci-dessus, p. 80.
  2. Un travailleur spécial peut se charger de l’analyse ; c’est ce qui arrive dans le cas des regestes et des catalogues d’actes ; si le travail d’analyse a été fait correctement par le fabricant de regestes, il devient inutile de le refaire.