Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/184

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3e cas. Le fait est de nature à n’avoir pu être affirmé que s’il était exact. Un homme n’affirme avoir vu ou entendu un fait inattendu et contraire à ses habitudes que s’il a été contraint de l’admettre sous la pression de l’observation. Un fait qui paraît très invraisemblable à celui qui le rapporte a plus de chances d’être exact. On doit donc se demander si le fait affirmé était en contradiction avec les autres notions qui garnissaient l’esprit de l’auteur, si c’est un phénomène d’une espèce inconnue à l’auteur, un acte ou un usage qui lui paraît inintelligible, si c’est une parole dont la portée dépasse son intelligence (comme les paroles du Christ dans les Évangiles ou les réponses de Jeanne d’Arc dans les interrogatoires de son procès). — Mais il faut se tenir en garde contre la tendance à juger les notions de l’auteur d’après les nôtres : quand des hommes habitués à croire au merveilleux parlent de monstres, de miracles, de sorciers, ce ne sont pas pour eux des faits inattendus, et le critérium ne s’applique pas.

VIII. Nous voici enfin au bout de cette description des opérations critiques ; elle a été longue parce qu’il a fallu décrire l’une après l’autre des opérations qui dans la pratique se font toutes ensemble. Voici maintenant comment on procède, en fait.

Si le texte est d’une interprétation contestable l’examen se partage en deux actes : le premier acte consiste à lire le texte pour en fixer le sens avant de chercher à en tirer aucun renseignement ; l’étude critique des faits contenus dans le document forme le second acte. Pour les documents dont le sens est évident, — réserve faite des passages de sens discutable qu’on doit étudier à part, — on peut dès la première lecture procéder à l’examen critique.

On commence par réunir les renseignements généraux