Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de renseignements, chacun probable seulement, qui portent sur des lieux ou des moments différents.

Cette méthode est d’une application difficile. L’accord est une notion beaucoup plus vague que la concordance. On ne peut pas préciser en général quels faits sont liés entre eux assez pour former un ensemble dont l’accord soit concluant, ni déterminer d’avance la durée et l’étendue de ce qui constitue un ensemble. Des faits pris à un demi-siècle et à cent lieues de distance pourront se confirmer de façon à établir l’usage d’un peuple (par exemple chez les Germains) ; ils ne prouveraient rien pris dans une société hétérogène et à évolution rapide (par exemple la société française en 1750 et en 1800, en Alsace et en Provence). Il faut ici étudier les rapports entre les faits. C’est déjà le commencement de la construction historique ; ainsi se fait le passage des opérations analytiques aux opérations synthétiques.

VII. Mais il reste à étudier le cas du désaccord entre les faits établis par les documents et d’autres faits établis par d’autres procédés. Il arrive qu’un fait obtenu par conclusion historique soit en contradiction avec un ensemble de faits historiquement connus, ou avec l’ensemble de nos connaissances sur l’humanité fondées sur l’observation directe, ou avec une loi scientifique établie par la méthode régulière d’une science constituée. Dans les deux premiers cas, le fait n’est en collision qu’avec l’histoire ou la psychologie et la sociologie, toutes sciences mal constituées, il est appelé seulement invraisemblable ; s’il est en conflit avec une science, il devient un miracle. — Que doit-on faire d’un fait invraisemblable ou miraculeux ? Faut-il l’admettre après examen des documents, ou le rejeter comme impossible par la question préalable ?