Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/228

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faits à une autre et inversement. Mais il faut toujours décider quel sera l’ordre dominant dont les autres ne seront que des subdivisions.

Entre ces trois ordres le choix est délicat, il doit se décider par des raisons différentes suivant le sujet et suivant l’espèce de public pour lequel on travaille. À ce titre il dépendrait de la méthode d’exposition ; mais il faudrait un trop long développement pour en donner la théorie.

II. Aussitôt qu’on commence à trier les faits historiques pour les classer, on se heurte à une question qui a provoqué d’ardentes querelles.

Tout acte humain est par nature un fait individuel, passager, qui ne se produit qu’à un seul moment et en un seul endroit. Au sens réel tout fait est unique. Mais tout acte d’un homme ressemble à d’autres actes de lui-même ou des autres hommes du même groupe, et souvent à tel point qu’on les confond sous le même nom ; ces actes semblables qui se groupent irrésistiblement dans l’esprit humain, on les appelle habitudes, usages, institutions. Ce ne sont que des constructions de l’esprit, mais elles s’imposent avec tant de force aux intelligences des hommes que beaucoup deviennent des règles obligatoires ; ces habitudes sont des faits collectifs, durables dans le temps, étendus dans l’espace. — On peut donc considérer les faits historiques sous deux aspects opposés : ou dans ce qu’ils ont d’individuel, de particulier, de passager, ou dans ce qu’ils ont de collectif, de général et de durable. Dans la première conception l’histoire est le récit continu des accidents arrivés aux hommes du passé ; dans la seconde elle est le tableau des habitudes successives de l’humanité.

Sur ce terrain s’est livrée, en Allemagne surtout, la