Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/230

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toire des institutions de Rome ou de la France ne serait pas intelligible.

Ainsi l’histoire est obligée de combiner avec l’étude des faits généraux l’étude de certains faits particuliers. Elle a un caractère mixte, indécis entre une science de généralités et un récit d’aventures. La difficulté de classer cet hybride dans une des catégories de la pensée humaine s’est souvent exprimée par la question puérile : si l’histoire est un art ou une science.

III. Le cadre général donné plus haut peut servir de questionnaire pour déterminer toutes les espèces d’habitudes (usages ou institutions) dont on peut essayer de faire l’histoire. Mais avant d’appliquer ce cadre général à l’étude d’un groupe quelconque d’habitudes historiques, langue, religion, usages privés ou institutions politiques, toujours il faut résoudre une question préalable : Les habitudes qu’on va étudier, de qui ont-elles été l’habitude ? Elles étaient communes à un grand nombre d’individus, et c’est la collection d’individus de mêmes habitudes que nous appelons groupe. La première condition pour étudier une habitude est donc de déterminer le groupe qui l’a pratiquée. C’est ici qu’il faut prendre garde au premier mouvement, car il nous porte à une négligence qui peut rendre ruineuse toute la construction historique.

La tendance naturelle est de se représenter le groupe humain sur le modèle de l’espèce animale, comme un ensemble d’hommes tous semblables. On prend un groupe uni par un caractère très apparent, une nation liée par un même gouvernement officiel (Romains, Anglais, Français), un peuple parlant la même langue (Grecs, Germains) ; et on procède comme si tous les membres de ce groupe se ressemblaient en tout point et avaient les mêmes usages.