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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/264

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ralise inconsciemment ; on étend à tout un peuple les habitudes de quelques individus, ou celles du premier groupe de ce peuple qu’on a connu, à toute une période des habitudes constatées à un moment donné. C’est en histoire la plus active de toutes les causes d’erreur, et elle agit en toute matière, sur l’étude des usages, des institutions, même sur l’appréciation de la moralité d’un peuple[1]. La généralisation repose sur l’idée confuse que tous les faits contigus ou semblables en quelque point sont semblables sur tous les points. Elle est un échantillonnage inconscient et mal fait. On peut donc la rendre correcte en la ramenant aux conditions d’un échantillonnage bien fait. On doit examiner les cas à partir desquels on veut généraliser et se demander : Quel droit a-t-on de généraliser ? c’est-à-dire quelle raison a-t-on de présumer que le caractère constaté dans ces cas se rencontrera dans des milliers d’autres ? que ces cas seront pareils à la moyenne ? La seule raison valable, c’est que ces cas soient représentatifs de l’ensemble. Et ainsi on se trouve ramené au procédé méthodique de l’échantillonnage.

Voici comment on doit opérer : 1o On doit préciser le champ dans lequel on croit pouvoir généraliser (c’est-à-dire admettre la ressemblance de tous les cas), délimiter le pays, le groupe, la classe, l’époque où on va généraliser. Il faut prendre garde de ne pas faire le champ trop grand en confondant une section avec l’ensemble (un peuple grec ou germanique avec l’ensemble des Grecs ou des Germains). 2o On doit s’assurer que les faits contenus dans le champ sont semblables sur les points où on veut généraliser ; donc se défier des noms vagues qui recouvrent des groupes très dif-

  1. Voir un bon exemple dans Lacombe, o. c., p. 146.