Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/109

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votre cause sacrée, de celle de mon Roi, pour laquelle j’ai combattu et versé mon sang ; j’entraîne dans ma défection mes officiers, mes soldats et je souffre que le drapeau tricolore se déploie paisiblement en des lieux où jusqu’ici, il n’a pu flotter qu’à la suite des plus funestes défaites.

» Voilà mon crime, Monseigneur, je ne le nie, ni ne l’atténue.

» Maintenant, voici mon excuse. Mon Roi et le vôtre est prisonnier des bourreaux de son père, qui peuvent devenir les siens, sa vie sacrée est perpétuellement menacée ; tout est donc permis, tout est donc légitime pour le rendre à la liberté. Eh bien ! cette liberté, je l’ai obtenue. Une convention secrète entre les Commissaires du pouvoir exécutif et moi, convention dont je mettrai l’original sous vos yeux, décide du sort de Sa Majesté. On remettra la personne du Roi aux Commissaires que j’enverrai à Paris, on consent à ce qu’il revienne parmi nous, et une fois en notre pouvoir, je présume qu’un soulèvement unanime le servira beaucoup mieux que des efforts tentés pendant sa captivité. Avec lui nous serons invincibles, et maintenant nous ne sommes rien sans un prince de la maison de Bourbon[1].

» Il est, ce me semble, inutile de discuter sur le mérite apparent du traité que je viens de signer, de s’inquiéter s’il compromet ou non la monarchie, si je suis, moi qui le signe, à blâmer ou à louer ; il ne faut voir que le motif qui le détermine. C’est à lui

  1. Faut-il voir ici une ironie ou seulement une plainte au sujet de l’attitude des princes à l’égard de la Vendée ?