Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/110

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que j’immole ma réputation, mon influence, peut-être mon honneur à venir, et, assurément mon repos ; mais c’est pour le roi que je me souille de cette tache. Dieu et lui m’en laveront plus tard[1].

» On me donne toutes les assurances possibles de la fidélité qu’on mettra à remplir la grande condition… Si on y manquait, j’aurais ma vie à vous donner en expiation de ma crédulité.

» Un profond mystère, impénétrable aux agents de l’Autriche, de l’Angleterre et aux partisans de la branche d’Orléans, doit couvrir ce que je dépose en pleine confiance dans le sein de Votre Altesse Royale. Vous devez me comprendre : il y a des traîtres partout ; il y en a même dans l’intimité de votre auguste frère[2].

» J’ai cru, dans la circonstance, devoir agir d’après moi seul, afin que si l’affaire tourne mal, on n’accuse pas le Régent de France, mais seulement Son très dévoué et respectueux serviteur…[3] »

  1. Il ne craignait pas de laisser voir au Régent qu’il comptait peu sur son approbation personnelle et que l’intérêt qui le guidait était autre. Il sentait bien que ses intentions ne seraient pas jugées conformes aux intentions de M. de Provence et ne pouvait soupçonner que, par son acte, il faisait, en quelque sorte, son jeu.
  2. La trahison n’était pas seulement dans le Conseil des Princes ; elle était le fait des Princes eux-mêmes. Ne semble-t-il pas que cette triste conviction perce sous les recommandations et les déclarations de confiance adressées par un royaliste loyal, au prince, qu’il est bien obligé de considérer comme l’unique dépositaire de l’autorité monarchique ?
  3. On a quelquefois essayé de mettre en doute l’authenticité de cette lettre, qui a été publiée pour la première fois dans les Mémoires de Napoléon ; on s’est fondé sur ce que le rédacteur de