Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/118

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était l’hôte de Madame Gasnier-Chambon qui donna un bal en son honneur. Les Nantais de toutes classes fêtaient à l’envi les soldats vendéens.

Le soir, on persuada à Charette qu’il devait se montrer au bal que donnaient de leur côté les représentants. Il s’y laissa conduire et y fut accueilli avec un empressement marqué, mais il éprouvait une gêne pénible à se trouver au milieu des danses, dans un lieu qui avait été si récemment le théâtre des fureurs de Carrier.

Il était impossible qu’une telle répétition, donnée après le traité et cette fois avec un cérémonial réglé par les représentants et autorisé par leur participation, de la manifestation tolérée en décembre, ne fut pas accueillie comme une nouvelle confirmation, et presque officielle, de ce que Michelet appelle « la fable de l’amende honorable de la République » et des bruits répandus sur les clauses secrètes tendant à une restauration monarchique.

C’est bien ainsi qu’en effet elle fut comprise, aussi bien des adversaires que des partisans de la royauté. « Pendant ce temps-là, — dit le général Danican, — l’opinion se manifestait avec une telle fureur, que tout le monde pensait que la Convention voulait rétablir la royauté insensiblement et sans acoups[sic]. Plusieurs personnes disaient que les pacificateurs avaient des instructions secrètes. » Et Mellinet relate un fait significatif. Quelques jours après la fête du 26, un certain Philippe Tronjolly, personnage important et homme pratique par excellence qui, après avoir été un des séides de Carrier, s’était hâté de se faire son accusateur, dès qu’il avait vu la Terreur