Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/158

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l’explication de toute l’affaire de Quiberon, c’est que l’opinion fut très généralement répandue que l’héritier de la monarchie était sauvé.

Par anticipation aux preuves qu’on en trouvera en maintes pages de ce récit, on peut retenir celles-ci :

Les notes de police conservées aux Archives nationales constatent que, dans les cafés, dans les lieux publics, la nouvelle de la mort fut accueillie avec une incrédulité marquée et qu’on ne doutait pas de l’évasion.

Dans les jours qui suivirent et pendant les six mois que la sœur du jeune Roi, Madame Royale passa encore dans la prison du Temple, elle ne porta pas le deuil de son frère, qui était son Roi, et ce ne fut pas que le gouvernement y eut mis le moindre obstacle, car il existe un arrêté du Comité de salut public ordonnant qu’on lui procure les vêtements et les objets « qu’elle demandera[1] ». Les vêtements qu’elle demanda furent des toilettes assez élégantes, des robes de nankin, de soie verte, des déshabillés de nuances claires, dont « elle se parait », suivant le récit de son fidèle Gomin, pour se montrer aux fervents de la royauté qui se disputaient les fenêtres de la rue de la Corderie et de la Rotonde du Temple, afin de contempler la fille de Louis XVI et lui adresser leurs hommages. Ni ces fidèles royalistes, ni les personnes privilé-

  1. Il faut noter ici, qu’après la mort de Louis XVI, exécuté en vertu d’un jugement, la Convention, sur la demande de la reine, avait fait donner, pour elle, pour ses enfants et pour sa belle-sœur, des vêtements de deuil. Un des griefs que Madame Royale formule dans ses mémoires, contre Simon, est d’avoir obligé le dauphin à quitter le deuil de son père.