Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/180

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qu’il avait pu pour la cause contre laquelle il agissait. Et en effet, il paraît avoir pris, peu après, des mesures assez artificieusement combinées pour essayer de faire valoir comme un service rendu à Louis XVIII, le coup de Jarnac qu’il lui avait porté[1].

D’Hervilly, prévoyant aussi justement, mais avec des préoccupations inverses, à quoi devait aboutir l’éclat que son rival voulait donner à cette fête et en redoutant l’effet pour la discipline de ses troupes, avait jugé prudent de les conduire à une autre messe, et pour sauvegarder les intérêts de Louis XVIII, avait eu soin de ne pas proclamer Louis XVIII.

Le vrai caractère de cet incident s’éclaircira et pren-

  1. Il a même publié dans ses Mémoires, une lettre qu’il prétend avoir adressée, par le canal du duc d’Harcourt, à Louis XVIII, pour mettre à ses pieds son hommage et celui de ses troupes, et se féliciter d’avoir été le premier à proclamer sur le territoire français, son avènement. Il faut avouer que l’envoi d’une pareille lettre à l’occasion d’une manifestation au moins manquée, serait bien invraisemblable. Il faut remarquer en outre les autres singularités et invraisemblances des explications relatives à cette prétendue lettre. Puisaye omet — évite — d’en donner la date (omission contraire à toutes ses habitudes) ; il la publie seulement après la mort du duc d’Harcourt ; il est obligé d’avouer qu’elle ne parvint jamais à Louis XVIII, non plus qu’aucune autre venant de lui (ce qui s’explique tout naturellement si elles n’ont pas été adressées, en effet, mais supposées plus tard, ou, par un calcul habile, mises dès ce temps-là en réserve, pour être produites en cas de besoin). Tout cela rend l’affirmation de Puisaye plus que suspecte. Mais elle est détruite entièrement par un autre document que fournit Puisaye lui-même : c’est une lettre à lui adressée par le duc d’Harcourt, à la date du 10 juillet, en réponse à la sienne du 28 juin, et qui implique nécessairement : 1° que la lettre du 28 juin (jour même de la fameuse messe) n’annonçait pas la proclamation de Louis XVIII ; 2° qu’au 10 juillet, le duc d’Harcourt en était encore à souhaiter, à attendre « avec une extrême impatience » et à réclamer instamment « cette mesure ». — Voir Append. n° 12.