Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/181

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dra le relief et la splendeur de l’évidence, à mesure que toutes les faces en seront touchées par les reflets des événements qui l’entourent.

Dès à présent, il faut constater que cette histoire de la proclamation de Louis XVIII à Quiberon ne se trouve dans aucun document du temps, à l’encontre de ce qu’on lit dans les journaux et les mémoires contemporains sur la proclamation au camp de Condé. Dans les premières relations qui ont paru, dans les premières éditions des récits de la guerre de l’Ouest, il n’en est pas question[1]. Vauban, Beauchamp, qui pourtant écrivaient l’un et l’autre après la publication des Mémoires de Puisaye, gardent le plus complet silence sur ce fait, qui avait au moins un intérêt de narration.

Ce ne fut que longtemps après, quand le récit de Puisaye eut acquis, par l’effet du temps, la force d’un témoignage non contredit, que les courtisans de la Restauration, Villeneuve-Laroche, chef de bataillon et chevalier de Saint-Louis, Beauchamp, devenu historiographe de Louis XVIII et non moins chevalier de Saint-Louis, osèrent introduire cette version dans leurs relations.

Cela seul constitue un indice qui mérite attention.

Michelet ne s’est pas laissé prendre au récit de Puisaye. Pour des motifs quelconques, dont quelques-

  1. Voici dans quels termes le correspondant de Londres de La Gazette française, rend compte du fait : « …, du 18 (juillet) — … Le bon évêque de Dol s’est rendu à terre, malgré le mauvais temps, pour dire la messe et rendre grâce à Dieu de nos premiers succès. » Pas un mot de la proclamation de Louis XVIII.