Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/20

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du paysage. Or le paysage ne coïncidait nullement avec les démarches militaires. Absurdité flagrante que des généraux se soient si mal servis d’un terrain ils rêvaient des exploits. Toute part faite à l’infirmité humaine, il imaginait cependant que cette infirmité, en cet endroit particulier, n’allait pas sans causes profondes et secrètes.

Quand il se souvenait que le 26 juin 1795, l’escadre montée par des Français ordonnait à la citadelle de Belle-Île de se rendre et d’obéir au roi Louis XVII, il tirait de cette sommation inscrite dans un document officiel, des déductions renseignantes et personnelles.

À cette heure Louis XVIII n’existe pas en qualité de prétendant légitime au trône. Un seul roi, Louis XVII le Dauphin, fils de Louis XVI, vit prisonnier et régnant au Temple. C’est lui seul que les émigrés viennent tenter de rétablir. Mais sur la plage de Carnac leur projet se trouve soudain singulièrement contrarié.

L’Enfant-Roi passe pour mort. À cette nouvelle, l’enthousiasme se déconcerte. Point armés pour Louis XVIII qu’ils jugent méprisable et indigne du royaume, les champions de la monarchie légitime ne savent plus orienter leur courage. D’où le dégoût d’une entreprise désormais sans but, les discussions, les dissentiments, et cet esprit de confusion conduisant fatalement aux sottises et au désastre.

Le passant concevait que, par une rare ressource de sa ruse toujours en mouvement, Louis XVIII, en répandant le bruit de la mort de son neveu, mettait tout ensemble à