Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/201

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d’exaspération, fait mettre ces malheureuses victimes devant la porte de sa maison, exposées aux regards de ses camarades qui le suivent. À ce spectacle, aux clameurs des femmes qui crient vengeance, l’ardeur des royalistes se double de colère ; ils rejoignent les républicains et les attaquent avec furie. Les républicains surpris, s’arrêtent, essaient de se rallier ; une lutte acharnée s’engage ; pendant trois heures on se bat corps à corps ; enfin les républicains cèdent ; ils ont perdu douze ou quinze cents morts et sept à huit cents prisonniers ; ils se sauvent en désordre dans toutes les directions.

La division de Tinténiac était délivrée. Vauban se reporte vers Locmaria, qu’il croit toujours occupé par son aile droite ; mais il apprend qu’elle a rétrogradé jusqu’à une lieue en arrière et que son commandant, Dubois-Berthelot, blessé, s’est fait transporter à Quiberon. Il prend alors le parti de se poster au village de Ploemel, où il est rejoint par la presque totalité de la division Tinténiac.

Tout cela s’était passé sans qu’il fût fait un mouvement par les trois ou quatre mille hommes retirés dans Auray, non plus que par les autres troupes qui se trouvaient à portée, sous les ordres directs de Hoche. C’est sans doute pour expliquer cette inaction et pour répondre à des reproches reçus ou pressentis, que ce général, dans sa dépêche de ce jour adressée au gouvernement, glisse ces mots : « Mon dessein est de ne point avoir d’affaires particulières ; elles aguerriraient les Chouans ; mais bien une action générale, dans laquelle les troupes déploieront sans doute leur vaillance accoutumée. »